Contes populaires d’Afrique (Basset)/114

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E. Guilmoto, Éditeur (Les Littératures populaires, tome XLVIIp. 292-293).
LXIII. — ZOUMBO[1]

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LE DRESSEUR DE SINGES APPRIVOISÉS ET LE DRESSEUR DE DAIM[2]


Il y avait un homme qui dressait des singes, tandis qu’un autre apprivoisait un daim. Ils devinrent amis. Le propriétaire des singes dit à l’autre :

— Viens chez moi, tu verras des singes.

L’autre alla chez lui et trouva qu’ils étaient partis.

— Ami, dit-il, où sont-ils allés ?

— Ils sont allés manger.

— Appelle-les.

Il les appela. Ils vinrent et leur maître dit :

— Voilà mes singes.

— Si je les avais vus, dit le visiteur, je les aurais pris pour me nourrir.

Les singes entendaient cela.

— Ami, dit le maître, ne parle pas ainsi ; tu ferais fuir mes singes.

Là-dessus, ceux-ci se sauvèrent. Le visiteur dit :

— Viens chez moi ; tu verras le daim que j’ai dressé.

Il y alla, trouva le daim et dit :

— C’est de la viande que tu me donnes à manger ?

Le daim se sauva et alla dans la brousse.

— Tu as fait fuir mon daim, dit l’ami.

— Viens et réponds à mon accusation, dit l’autre ; allons au tribunal.

Les juges vinrent et demandèrent :

— Qui a commencé ?

Ils décidèrent :

— Il est juste que chacun rembourse l’autre.

Alors ils se remboursèrent en bière. Ils en brassèrent, s’invitèrent mutuellement et dirent :

— L’affaire est finie.

Tous deux furent satisfaits.



  1. Le zoumbo est parlé au nord du Zambèze moyen.
  2. Duff Macdonald, Africana, Londres, Simpkin Marshall, 1882, 2 v. in-8, t. II, p. 332-333.