Coran Savary/040

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Traduction par Claude-Étienne Savary Voir et modifier les données sur Wikidata.
G. Dufour (2p. 224-232).





LE CROYANT.


donné à la mecque, composé de 85 versets
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Au nom de Dieu clément et miséricordieux.


N. M. Le Dieu puissant et sage t’a envoyé le Coran.

C’est lui qui pardonne les péchés, qui reçoit la pénitence, et qui exerce une vengeance terrible.

Il est le Dieu infini et unique. Il est le terme de toutes choses.

Les infidèles seuls disputent contre la religion sainte. Que leurs succès ne s’imposent pas.

Le peuple de Noé accusa ses prophètes d’imposture. Les peuples qui l’ont suivi, révoltés contre leurs apôtres, attentèrent à leurs jours. Armés du mensonge, ils voulurent anéantir la vérité. Le courroux du ciel les a fait disparaître ; et quel a été leur châtiment.

L’arrêt qui condamne les infidèles s’accomplira. Ils seront la proie des flammes.

Les esprits qui portent le trône sublime et qui l’environnent publient les grandeurs de l’Éternel, et lui adressent cette prière : Seigneur, pardonne aux croyans. Ta miséricorde et ta science embrassent l’univers. Pardonne à ceux qui ont fait pénitence, et qui suivent les lois saintes. Délivre-les du feu de l’enfer.

Seigneur, introduis-les dans les jardins d’Éden que tu leur as promis. Accorde le même bonheur à leurs pères, leurs épouses et leurs enfans qui auront été vertueux. Ta puissance et ta sagesse sont infinies.

Seigneur, écarte d’eux les peines éternelles. Celui pour qui tu feras éclater ta miséricorde au jour du jugement jouira du plus grand des bienfaits.

Les incrédules entendront ces paroles : La haine de Dieu est plus violente que celle que vous avez eue pour vous-mêmes, lorsqu’appelés à la foi vous avez refusé d’obéir.

Seigneur, diront-ils : Tu nous as fait mourir et revivre deux fois ; nous avons confessé nos péchés ; serons-nous éternellement dévoués au malheur ?

Vous avez nié l’unité de Dieu ; vous avez offert de l’encens aux idoles ; le Très-Haut, le Dieu suprême a prononcé l’arrêt de votre condamnation.

Dieu vous offre partout des signes de sa puissance. Votre nourriture est un bienfait du ciel ; mais il ne donne l’intelligence qu’à ceux qui le servent.

Peuples, invoquez le Seigneur. Montrez-lui une foi pure malgré l’horreur qu’elle inspire aux infidèles.

Celui qui est élevé au plus haut degré de gloire, qui est assis sur le trône sublime, envoie son esprit à ses élus, afin qu’ils prêchent la résurrection.

Le jour où les hommes sortiront du tombeau, ils ne pourront se cacher aux regards de l’Éternel. Quel est le juge suprême du grand jour ? C’est le Dieu unique et victorieux.

Dans ce jour, chacun recevra le prix de ses œuvres. Personne ne sera trompé. Dieu est exact dans ses comptes.

Menace-les de cet instant terrible où les cœurs seront saisis d’effroi.

Les méchans n’auront ni ami ni intercesseur qui prenne leur défense.

Dieu connaît et la fraude des yeux, et les secrets des cœurs.

L’équité prononcera l’arrêt. Leurs idoles ne jugent rien ; mais Dieu voit et entend.

N’ont-ils pas parcouru la terre ? N’ont-ils pas vu quel a été le sort des nations anciennes ? Elles étaient plus puissantes qu’ils ne sont. Des monumens attestent leur grandeur. Le glaive de la justice divine les a exterminées au milieu de leurs forfaits, et rien n’a pu les soustraire à sa vengeance.

Elles furent rebelles à la voix des prophètes. Le Seigneur les fit disparaître, parce qu’il est fort et terrible dans ses châtimens.

Moïse fut revêtu du caractère d’apôtre, et de la puissance des miracles.

Il prêcha la parole divine devant Pharaon, Haman et Caron, et ils dirent : Cet homme est un faux prophète.

Lorsqu’il leur eut fait voir la vérité, ils s’écrièrent : Mettons à mort tous les enfans mâles des croyans. Mais la perfidie des infidèles s’évanouit dans l’ombre.

Laissez-moi punir Moïse de mort, dit le roi ; je crains qu’il ne fasse changer mon peuple de religion, et qu’il ne ravage mon empire.

Dieu est mon Seigneur et le vôtre, reprit Moïse ; il me protégera contre l’orgueilleux qui ne croit point au jour où l’on rendra compte.

Un des parens du prince qui était fidèle et qui cachait sa croyance, lui dit : Mettrez-vous à mort un homme, parce qu’il déclare que son Seigneur est Dieu ? Il vous a fait voir des prodiges. Si c’est un fourbe, son mensonge retombera sur lui. S’il vous annonce la vérité, vous éprouverez une partie des fléaux dont il vous menace. Dieu n’est point le complice de l’imposteur ni du scélérat.

O Égyptiens ! aujourd’hui vous commandez sur la terre ; votre empire est florissant ; mais qui vous mettra à l’abri du courroux du ciel, s’il veut vous punir ? Je ne vous ordonne rien que de juste, répliqua Pharaon. La droite raison est tout ce que je vous propose.

O Égyptiens ! ajouta le croyant, je tremble que le sort des nations rebelles ne soit votre partage ;

Je crains pour vous le châtiment du peuple de Noé, d’Aod, de Themod,

Et des générations qui les ont remplacés sur la terre. Dieu ne veut point l’oppression de ses serviteurs.

O Égyptiens ! le jour où l’on rendra compte me fait trembler pour vous.

Ce jour où vous serez chassés de la présence de Dieu, vous ne trouverez point d’abri contre sa colère. Celui qu’il égare ne retrouve plus le vrai chemin.

Déjà Joseph vous a prêché la religion sainte. Vous en avez douté, et après sa mort vous avez dit : Dieu n’enverra plus d’apôtre. Il répand les ténèbres autour de ceux qui doutent, et qui sont prévaricateurs.

Ceux qui disputent sur la religion sans être éclairés du ciel, ne remporteront que la haine de Dieu et des fidèles. Il a imprimé le sceau de la réprobation sur les cœurs opiniâtres et orgueilleux.

Qu’on bâtisse une tour élevée, dit Pharaon à Haman, afin que je monte vers les portes du ciel.

Je veux m’approcher du Dieu de Moïse, quoique ce qu’il m’annonce me paraisse une imposture.

Ainsi, Pharaon mettant sa gloire dans l’impiété, s’écarta du droit chemin ; mais ses piéges ne tournèrent qu’à sa ruine.

O Égyptiens ! suivez-moi, répétait le fidèle ; je vous conduirai dans les voies de la justice.

Ce monde ne promet que des jouissances passagères ; la vie future vous offre le palais éternel.

Le malheur sera le prix du méchant. Le croyant vertueux entrera dans le jardin de délices. Il y sera comblé de biens sans nombre.

O Égyptiens ! ma voix vous invite au bonheur, et vous voulez m’entraîner dans les flammes.

Vous me proposez l’infidélité, et le culte de vos idoles, et je vous exhorte à adorer le Dieu puissant et miséricordieux.

Vos dieux ne sauraient exaucer les vœux des mortels dans ce monde ni dans l’autre. Nous devons tous retourner devant l’Être Suprême. Les prévaricateurs seront la proie des flammes ; ce sont des vérités incontestables.

Vous vous rappellerez mes exhortations. Je remets ma cause dans les mains du Tout-Puissant. Il veille sur ses serviteurs.

Le Seigneur délivrera le fidèle des piéges qu’on lui tendait. L’arrêt fatal fut prononcé contre la famille de Pharaon.

Victimes des flammes, ils y sont plongés le soir et le matin ; et quand le temps arrêtera son cours, on leur dira : Entrez dans le séjour des plus affreux tourmens.

Là on entendra les plaintes des infidèles : nous vous avons suivis, dira le vulgaire à ses chefs orgueilleux ; nous délivrerez-vous maintenant du feu qui nous dévore ?

Nous y sommes plongés comme vous, répondront leurs docteurs ; la sentence de notre condamnation est prononcée.

Portez nos cris au Seigneur, diront-ils aux gardiens de l’enfer[1] : priez-le qu’il suspende un seul jour nos souffrances.

Ne vous est-il pas venu des apôtres ? N’avez-vous pas entendu leurs prédications ? Nous les avons entendues. Hé bien, élevez vous-mêmes vos vœux vers le ciel ; mais la prière des pervers se perd dans les ténèbres.

Notre protection puissante veillera sur les messagers de la foi et des croyans, dans ce monde, et au jour du témoignage.

Dans ce jour, l’excuse des coupables sera vaine ; la malédiction les environnera, et l’enfer sera leur partage.

Nous donnâmes à Moïse le Pentateuque. Le peuple Hébreu en a hérité. Ce livre est la lumière et le guide des sages.

Sois patient ; les promesses de Dieu sont véritables. Demande pardon de tes fautes, et loue le Seigneur le soir et le matin.

Ceux qui sans être autorisés du ciel, disputent sur la religion, sont animés par l’orgueil. Leurs efforts seront vains. Mettez votre espoir dans le Seigneur. Il voit et entend.

La création du ciel et de la terre, est plus merveilleuse que celle de l’homme ; mais la plupart ne le conçoivent pas.

L’aveugle et celui qui voit, le croyant vertueux et le scélérat chargé de forfaits, n’éprouveront point un sort égal. Combien peu réfléchissent !

L’heure viendra ; on n’en saurait douter ; cependant le plus grand nombre des hommes rejette cette vérité.

Invoquez-moi, dit le Seigneur, je vous exaucerai. L’orgueilleux qui dédaignera de porter mon joug, descendra dans l’enfer, couvert de mépris.

Dieu a établi la nuit pour reposer, et le jour pour agir. Il est bienfaisant envers les humains, et le plus grand nombre lui refuse des actions de grâces.

Il est votre Seigneur. Il a tiré tous les êtres du néant ; il est le Dieu unique. Pourquoi vous éloignez-vous de lui ?

Ceux-là s’en éloignent qui nient sa religion.

Il a affermi la terre sous vos pas. Il a élevé le firmament sur vos têtes. Il vous a donné une forme agréable. Sa bonté vous offre des alimens purs et salutaires. Il est votre Seigneur. Béni soit le Dieu souverain des mondes !

Il est le Dieu vivant et unique. Invoquez-le avec une foi sincère. Gloire à Dieu souverain des mondes !

Favorisé des oracles divins, le culte de vos idoles m’est interdit. Le ciel m’a commandé d’embrasser l’islamisme, c’est le culte du souverain des mondes.

Dieu vous a successivement formés de poussière, d’eau, de sang congelé. Enfans, vous entrez dans la carrière de la vie ; vous parvenez ensuite à la vigueur de l’âge, et bientôt la vieillesse vous atteint. Beaucoup finissent leur course avant d’y parvenir ; mais tous arrivent au terme marqué par l’Éternel. Ces divers degrés par où l’homme passe doivent servir à son instruction.

Dieu donne la vie et la mort. À sa voix les êtres sortent du néant.

Vois ceux qui combattent la doctrine divine : dans quelles erreurs ils se plongent !

Ceux qui nient le Coran et la mission des apôtres, verront.

Le cou chargé de chaînes, ils seront traînés dans les brasiers de l’enfer.

On leur demandera : Où sont les divinités que vous égaliez au Très-Haut ? Elles ont disparu, diront-ils. Ils nieront le culte qu’ils leur auront rendu. C’est ainsi que Dieu égare les idolâtres.

Votre réprobation, continuera-t-on, est le fruit de vos joies folles et de vos plaisirs coupables.

Descendez dans l’enfer, séjour déplorable des superbes.

Sois patient ; les promesses de Dieu sont infaillibles ; et soit qu’une partie de nos menaces s’accomplisse sous tes yeux, soit que ta mort les prévienne, tous les hommes comparaîtront devant notre tribunal.

Plusieurs prophètes [2] t’ont précédé. Nous t’avons récité l’histoire de quelques-uns d’eux ; nous te laissons ignorer celle des autres. Tous les prodiges qu’ils opérèrent furent l’effet de nos ordres. Lorsque Dieu commandera, l’équité terminera tous les débats des mortels. Ceux qui auront voulu abolir son culte périront.

Les animaux sont un bienfait du ciel. Ils vous servent de monture et d’aliment.

Vous en retirez divers avantages. Ils vous portent rapidement aux lieux où vous voulez parvenir. Ils sont pour vous sur la terre, ce qu’est le vaisseau sur les mers.

C’est ainsi que Dieu vous donne des marques de sa bonté. Lequel de ses bienfaits nierez-vous ?

N’avez-vous pas voyagé sur la terre ? N’avez-vous pas considéré quel fut le sort des peuples qui l’habitèrent avant vous ? Plus nombreux, plus puissans que vous ne l’êtes, ils ont laissé des monumens de leur grandeur. À quoi leur a servi leur puissance ?

Lorsque les envoyés du Très-Haut les invitèrent à embrasser la foi, ils se moquèrent de leur doctrine. Leurs railleries sont retombées sur eux-mêmes.

A la vue de nos fléaux, ils s’écrièrent : Nous croyons en un seul Dieu, et nous abandonnons le culte de nos idoles ?

Mais leur foi a été vaine. Ils n’ont cru que lorsqu’ils ont senti le fouet vengeur. L’arrêt prononcé contre les coupables a eu son exécution, et ils ont péri dans leur infidélité.


  1. Sept anges sont ces gardiens.
  2. Dieu a envoyé huit mille prophètes aux hommes. Quatre mille ont été choisis parmi les enfans d’Israël, et quatre mille parmi le reste des nations. Gelaleddin.