Correspondance 1812-1876, 6/1875/CMXLII

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Texte établi par Calmann-Lévy,  (Correspondance Tome 6 : 1870-1876p. 358-359).


CMXLII

AU MÊME


Nohant, 5 octobre 1875.


Cher ami,

Il faut être ici dimanche. Balandard le veut absolument ! C’est la réouverture de son théâtre, qui ferme en été. Maurice, qui a fait de la géologie pendant la belle saison, est maintenant dans ses décors et accessoires, que les souris et les rats lui détériorent tous les ans. Il est tout dans son théâtre à lui tout seul, auteur, acteur (tous les acteurs à lui seul), décorateur, lampiste, machiniste, etc. Il a inventé un système nouveau pour mettre, à lui seul, trente personnages en scène. Il est vraiment merveilleux et c’est à voir. Balandard vous enverra une lettre d’invitation en règle.

Ne parlez pas d’un jour à nous donner, c’est insensé, et c’est vilain ! Nous voulons vous garder au moins une semaine. Aurore le veut, et aussi Balandard, les deux autorités de la famille.

Je suis contente que mes barbouillages vous conviennent. Je craignais que ce ne fût trop gamin, ce que j’ai été un bon temps de ma vie ; je n’étais pas un méchant gars, mais je ne songeais qu’à sortir du convenu en raison de mon âge et je crains qu’on ne s’en scandalise.

Merci de la peine que vous avez prise de vous informer de Villemer. Je vois que j’aurai le temps de finir le roman que j’ai en train. Venez surtout, cher ami ; ça me mettra encore plus en goût de travailler et de vivre.

Tout Nohant vous appelle et vous embrasse.

GEORGE SAND.