Correspondance 1812-1876, 4/1861/CDXCVII

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CDXCVII

À MAURICE SAND, À BORD DU JÉRÔME-NAPOLÉON


Nohant, 10 octobre 1861.


Madame Villot m’écrit aujourd’hui que tu dois être au Havre aujourd’hui 10 ! que tu seras probablement à Paris le 11.

Enfin ! enfin ! Qu’il me tarde de te savoir arrivé réellement et de te voir, et de te biger ! Peut-être auras-tu besoin de passer deux ou trois jours à Paris. Fais-les les plus courts possible ; car, depuis un mois, je suis un peu bête. J’ai eu bien du courage jusque-là ; mais tu sais que, dans une course, les derniers moments, quand on approche du but, sont les plus difficiles. Tu trouveras à Paris une autre lettre de moi que je t’avais écrite, croyant que tu arriverais le 25.

Mais j’ai reçu tes lettres de Saint-Louis, du Niagara et de New-York au retour de Québec, et j’ai repris patience. Tu es bien gentil de m’avoir écrit de partout. Ça m’a soutenue jusqu’à présent. Je t’espère au plus tard le 15 : nous jouons le 16 ou le 17 une comédie de moi. Tu sauras qu’à présent, les plus réussies de nos pièces vont dans la Revue ; après quoi, les théâtres me les demandent. Voilà ce que c’est que le caprice des directeurs.

Tu dois être las de la mer, mon pauvre enfant, et avoir du roulis dans les jambes ; j’espère que vous aurez eu beau temps. Si tu ne tardes pas trop à arriver, tu trouveras ici la chaleur du mois d’août, qui n’a pas cessé de tout l’été. C’est un temps exceptionnel ; nous sommes en habits d’été.

Que de choses tu vas avoir à me raconter ! J’ai acheté une superbe carte d’Amérique, où tu pourras retrouver et me faire suivre tout ton voyage.

Je te bige mille fois. Tout le monde est en fête. J’ai rêvé toute la nuit que tu étais arrivé.

Enfin ! enfin !