Correspondance 1812-1876, 4/1861/DI

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DI

À M. ARMAND BARBÈS, À LA HAYE


Nohant, 1er décembre 1861.


Mon ami,

Calmez-vous et soignez-vous. Quelque décision que vous preniez, vous savez bien qu’on vous chérit toujours. Ne m’écrivez pas maintenant : j’ai vu, à votre écriture, que cela vous fatigue. N’établissez pas de combat douloureux dans votre âme ; reposez-vous, guérissez, et, quand vous verrez bien clair devant vous, vous reviendrez, j’en suis sûre. Vous êtes entre le devoir politique et le devoir du cœur. Vous mettez le premier au-dessus de tout. Oui, quand il est net et bien tracé. Mais, ici, il ne l’est pas, vous le reconnaîtrez si vous ne prenez conseil que de la conscience, sans vous occuper de l’opinion, qui, d’ailleurs, serait ici pour vous.

Dieu vous donne force et guérison pour ceux qui vous aiment ! Pour vous, en quelque sphère de l’univers que vous soyez, vous y serez heureux et calme ; mais pensez un peu à nous, qui avons peut-être encore besoin de vous.

À vous bien tendrement et fraternellement.

GEORGE SAND.