Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 5/0770
Je compte avoir ce soir ou demain matin une lettre me disant que ta bonne maman continue à moins souffrir. Soigne-la bien, ma chère Caro, et tâche de lui faire prendre patience et d’en prendre un peu toi-même. Pour vous égayer, tu pourras faire venir les Aztèques[1], les inviter à passer une quinzaine avec vous, seuls, à la campagne.
Ta tante Achille ne me dit pas quel jour elle viendra à Paris avec son époux. J’ai reçu hier douze bouteilles de vin de Vouvray : c’est un cadeau de ce brave Maisiat auquel je suis très sensible. J’ai eu hier dix personnes à la fois dans mes salons, et j’ai été le soir chez la princesse Mathilde, qui est toujours fort aimable. J’attends Monseigneur ; nous allons travailler cet après-midi ensemble, après quoi j’irai au dîner de Magny. Je n’ai aucun projet ni engagement pour le reste de la semaine.
Théo m’a dit qu’il allait se mettre à l’opéra de Salammbô, chose que je crois fort peu. Voilà toutes les nouvelles. Tu me reproches, mon bibi, de ne pas t’écrire de longues lettres ; mais que veux-tu que je te dise, vous écrivant tous les jours ? J’ai bien envie de voir ta bonne petite mine fraîche et de la bécoter.
Les Bichons, que j’ai vus hier pour la première fois, se sont beaucoup informés de ta peinture.
- ↑ Il y avait à ce moment-là, à la foire Saint-Romain, des individus de cette race.