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Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 5/0770

La bibliothèque libre.
Louis Conard (Volume 5p. 117-118).

770. À SA NIÈCE CAROLINE.
[Paris, 23 novembre 1863.]
Mon bibi,

Je compte avoir ce soir ou demain matin une lettre me disant que ta bonne maman continue à moins souffrir. Soigne-la bien, ma chère Caro, et tâche de lui faire prendre patience et d’en prendre un peu toi-même. Pour vous égayer, tu pourras faire venir les Aztèques[1], les inviter à passer une quinzaine avec vous, seuls, à la campagne.

Ta tante Achille ne me dit pas quel jour elle viendra à Paris avec son époux. J’ai reçu hier douze bouteilles de vin de Vouvray : c’est un cadeau de ce brave Maisiat auquel je suis très sensible. J’ai eu hier dix personnes à la fois dans mes salons, et j’ai été le soir chez la princesse Mathilde, qui est toujours fort aimable. J’attends Monseigneur ; nous allons travailler cet après-midi ensemble, après quoi j’irai au dîner de Magny. Je n’ai aucun projet ni engagement pour le reste de la semaine.

Théo m’a dit qu’il allait se mettre à l’opéra de Salammbô, chose que je crois fort peu. Voilà toutes les nouvelles. Tu me reproches, mon bibi, de ne pas t’écrire de longues lettres ; mais que veux-tu que je te dise, vous écrivant tous les jours ? J’ai bien envie de voir ta bonne petite mine fraîche et de la bécoter.

Ton vieux.

Les Bichons, que j’ai vus hier pour la première fois, se sont beaucoup informés de ta peinture.


  1. Il y avait à ce moment-là, à la foire Saint-Romain, des individus de cette race.