Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 5/0946
Je m’ennuie beaucoup de vous, Princesse, car je n’ai as reçu de vos nouvelles depuis longtemps. Que devenez-vous, par la température sibérienne qu’il fait ?
Avez-vous fini l’arrangement de votre galerie ?
Il m’a été impossible de retrouver le numéro de cette maison du boulevard Bineau dont je vous avais parlé et où il y a une ornementation indienne. Chennevières pourrait vous donner ce renseignement, en le demandant à Foulogne. Mais je crois la chose (entre nous) peu intéressante à contempler.
Connaissez-vous un joueur de harpe qui s’appelle Godefroy ? Le hasard me l’a fait entendre la semaine dernière. Il me semble qu’il n’a jamais joué chez Votre Altesse. Quant à moi, il m’a ravi. Je crois qu’il vous produirait le même plaisir.
Puisque vous aimez Fanny de mon ami Feydeau, avez-vous lu La Comtesse de Châlis ?
C’est assez drôle ; drôle est le mot. Je n’ai pas trouvé la même qualité au discours de M. Thiers ! Quel immense bourgeois ! Quel homme ! Et on l’admire ! N’est-ce pas désolant de voir la France affolée d’un esprit si foncièrement médiocre ?
Vous ennuie-t-on toujours avec la question des cimetières ? Tout ce vous regarde m’intéresse. C’est pourquoi je me permets tant de questions. Je vis maintenant complètement seul, ma mère étant à Rouen, et je travaille le plus que je peux, afin d’avoir fini ma seconde partie vers les derniers jours de janvier. C’est a cette époque-là que j’espère vous voir, Princesse, et pouvoir vous dire une fois de plus que je suis
Votre très humble, très dévoué et très
Croisset, lundi soir.