Correspondance de Voltaire/1722/Lettre 63

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Correspondance de Voltaire/1722
Correspondance : année 1722GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 33 (p. 74-75).
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63. — À M. THIERIOT[1].

À la Haye, 8 octobre.

Vous avez dû recevoir deux lettres de moi, et voici la troisième depuis huit jours. Je viens de recevoir le poème de Racine et votre lettre du 4 octobre. Je ne crois pas que je fasse ici rien imprimer que mon poëme. Je reviendrai incessamment à Paris avec les souscriptions. Je vous ai parlé d’un cheval de vingt pistoles. Si vous avez besoin d’argent, prenez dix pistoles pour vous, et gardez-m’en dix pour moi, à mon retour. Mandez-moi si vous entendez encore parler de la lettre au cardinal Dubois, et ce que l’on dit de moi. Assurez, je vous prie, Mme Lecouvreur de mon estime et de mon amitié. Ne dites de mes vers à personne[2]. Envoyez à la présidente[3] cette lettre, que vous cachèterez et dont vous mettrez le dessus.

Je vous écris très-peu de chose, parce que j’ai beaucoup à vous dire. J’ai une extrême impatience de vous entretenir ; ce qui m’importe actuellement davantage, c’est de savoir précisément où est l’homme en question[4]. Remerciez toujours Gaudin[5] bien tendrement de ma part ; il doit compter sur ma reconnaissance pour jamais. Nous parlerons à mon retour de Rousseau et des ministres réformés. Je commence à détester nos protecteurs, autant que je les aimais, par l’espérance où j’étais qu’ils nous feraient du bien.

Écrivez-moi à Bruxelles, chez Mme de Rupelmonde.

    18 octobre), elle ne tarda pas à épouser un garde du corps nommé Prudhomme ; elle mourut âgée de soixante-neuf ans, le 2 décembre 1757. (Cl.)

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Sans doute l’Épitre à Uranie.
  3. Mme de Bernières.
  4. Beauregard.
  5. Astronome, alors âgé de dix-huit ans.