Correspondance de Voltaire/1733/Lettre 379

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Correspondance de Voltaire/1733
Correspondance : année 1733GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 33 (p. 398-399).
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379. — Á M, DE LA PRÉVERIE[1].
À Paris, ce 16 novembre 1733.

J’ai reçu votre lettre du 12 novembre. Vous m’auriez sauvé, monsieur, mes quatorze cents livres si vous aviez bien voulu, à tout événement, faire signifier la délégation au fermier. Peut-être en serait-il temps encore. C’est une obligation passée au Châtelet de Paris, et qui a son effet dans tout le royaume. Peut-être cette dette sera-t-elle regardée comme dette du prieuré, et l’acquéreur en serait tenu ; peut-être cet acquéreur doit-il de l’argent à l’abbé Mac-Carthy : c’est ce que vous pourriez savoir, et en ce cas, vous lui signifieriez la délégation. Quand je ne tirerais que la moitié de la somme, je me croirais bien payé. Il y a encore une autre ressource : Mac-Carthy a un père qui a du bien, et qui demeure à Nantes. Il est, je crois, médecin ou chirurgien dans cette ville. Pourriez-vous avoir la bonté de vous en informer ? Je sais que ce père est très-vieux. On pourrait, à sa mort, faire une saisie.

En un mot, monsieur, vous êtes sur les lieux ; vous vous étiez chargé de cette affaire : c’est sur votre promesse que j’avais prêté mon argent à ce misérable avec tant de bonne foi. Puisqu’il vous doit de l’argent, unissez mes intérêts aux vôtres : si je pouvais toucher sept cents livres, je vous abandonnerais la somme pour vos peines.

J’ajouterai à tout ce que je viens de vous dire que vous pourriez intimider l’acquéreur. Je sais à point nommé qu’il a acheté le bénéfice, et il ne me sera pas difficile de le prouver, Mac-Carthy s’en étant vanté à deux personnes. Je puis en écrire aux ministres, et surtout à monseigneur le cardinal de Fleury. J’attends, monsieur, votre réponse pour me déterminer.

Je suis, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur.

  1. Éditeurs, Bavoux et François ; Appendice, 1865. — Voyez la lettre 250.