Correspondance de Voltaire/1734/Lettre 409

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Correspondance de Voltaire/1734
Correspondance : année 1734GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 33 (p. 426).
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409. — Á M. LE COMTE D’ARGENTAL.
Mai.

Encore une importunité, encore une lettre. Avouez que je suis un persécutant encore plus qu’un persécuté. La lettre de cachet m’en fait écrire mille.

Nardi parvus onyx eliciet cadum.

(Hor., lib. IV, od. xii, v. 17.)

Je vous supplie de faire rendre cette lettre à Mme  la duchesse d’Aiguillon. Je vous l’envoie ouverte ; ayez la honte d’y voir ma justification, et de la cacheter. Mille pardons. Vraiment, puisqu’on crie tant sur ces fichues Lettres, je me repens bien de n’en avoir pas dit davantage. Va, va, Pascal, laisse-moi faire ! tu as un chapitre sur les prophéties, où il n’y a pas l’ombre du bon sens ; attends, attends !

Où en sommes-nous, je vous prie ? De grâce, un petit mot touchant cet excommunié. Mon livre sera-t-il brûlé, ou moi ? Veut-on que je me rétracte, comme saint Augustin ? Veut-on que j’aille au diable ? Écrivez ou chez Demoulin, ou chez l’abbé Moussinot, ou, plutôt, à M. Pallu, et dites-lui qu’il garde un profond secret,