Correspondance de Voltaire/1734/Lettre 430

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Correspondance de Voltaire/1734
Correspondance : année 1734GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 33 (p. 448).
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430. — Á MADAME DE CHAMPBONIN.
Cirey.

Vos laines sont arrivées, et je vous les envoie, madame. Nous travaillons tous deux : vous êtes tapissière, et je suis maçon. Que ne puis-je travailler avec vous ! Il est bien mal à moi de rester ici et de résister au plaisir de vous faire ma cour. C’est une vertu qui coûte bien cher à mon cœur ; mais il n’y a de vertu qu’à se vaincre.

Autrefois, pour payer le zèle
De Baucis et de Philémon,
On disait que de leur maison
Jupiter fit une chapelle.
Si j’avais son pouvoir divin,
Je n’imiterais pas ses augustes sottises.
Je démolirais vingt églises
Pour vous bâtir un Champbonin.

En vous remerciant de vos magnifiques poires de beurré, et de toutes les poulardes que nous mangeons. Mais tout cela ne vaudra rien si l’on n’a pas le plaisir de les manger avec vous.