Correspondance de Voltaire/1734/Lettre 438

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Correspondance de Voltaire/1734
Correspondance : année 1734GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 33 (p. 453-454).
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438. — Á MADAME LA COMTESSE DE LA NEUVILLE.

Eh bien ! madame, il me semble qu’il y a un siècle que je ne vous ai vue. Mme du Chàtelet comptait bien aller vous voir dès qu’elle serait débarquée à Cirey ; mais elle est devenue architecte et jardinière. Elle fait mettre des fenêtres où j’avais mis des portes ; elle change les escaliers en cheminées, et les cheminées en escaliers ; elle fait planter des tilleuls où j’avais proposé des ormes ; et, si j’avais planté un potager, elle en ferait un parterre. De plus, elle fait l’ouvrage des fées dans sa maison. Elle change des guenilles en tapisseries ; elle trouve le secret de meubler Cirey avec rien. Ces occupations la retiennent encore pour quelques jours. Je me flatte que j’aurai l’honneur de lui servir bientôt d’écuyer jusqu’à la Neuville, après avoir été ici son garçon jardinier. Elle me charge de vous assurer, et Mme de Champbonin, de l’envie extrême qu’elle a de vous revoir. Ne doutez pas non plus de mon impatience.