Correspondance de Voltaire/1737/Lettre 808

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Correspondance : année 1737GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 34 (p. 372-373).
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808. — À M. L’ABBÉ. MOUSSINOT[1].
28 décembre (1737).

Voici, mon cher abbé, deux papiers que je supplie instamment monsieur votre frère de rendre au sieur Prault, et de m’obtenir réponse en marge de celui qui est numéroté.

Il laissera l’errata à Prault.

Je vous ai prié par ma dernière de vouloir bien avoir la bonté de porter chez mes nièces ces deux petits présents, et de demander bien pardon de ma rusticité.

Voici une autre petite bonne œuvre que je vous supplie de faire. Il y a une demoiselle d’Amfreville, fille de condition, qui a une espèce de terre près de Cirey. Je ne la connais guère ; mais elle est dans un extrême besoin.

Cette demoiselle d’Amfreville loge vis-à-vis la grande grille de Saint-Germain-des-Prés, chez une Mme  Damon.

Mon cher abbé, prenez un fiacre, allez la trouver ; dites-lui que je prends la liberté de lui prêter dix pistoles, et que, quand elle aura besoin de davantage, j’ai l’honneur d’être à son service.

Je viens de recevoir votre lettre du 25. Je ne mettrai point à cette loterie. Elle ne peut convenir qu’à ceux qui ont beaucoup de contrats et d’argent. Je ne suis dans aucun de ces deux cas. Si Camuzat peut faire trouver un emploi de quinze à vingt mille livres en viager, je suis prêt ; mais il faudrait engager notre M. Michel à garder l’argent au même prix, jusqu’en mars : ceci est de conséquence.

À l’égard de la terre du Faou, n’écrivez point sitôt à Surville. Mme  de Richelieu est malade : ce n’est pas un temps convenable pour parler d’affaires.

Mais, pour M. de Guise, il faut lui écrire, et, s’il n’envoie pas de l’argent, presser le jugement.

Puis, je vous prie de m’envoyer, outre la pâte et la rame de papier, un cent de bouts d’ailes taillées, deux rames de papier de ministre, deux rames de grand papier à lettre, des cure-dents, trois ou quatre douzaines de petits boutons plats pour des chemises. Ces boutons sont, je crois, de fer garni de fil. Mesdemoiselles vos nièces connaissent cela.

J’ai bien à cœur l’envoi d’une Henriade proprement reliée à M. de Ramsault. J’en voudrais trois pour moi : c’est de la besogne pour votre frère.

Je vous souhaite la bonne année, et à toute votre famille.

  1. Édition Courtat.