Correspondance de Voltaire/1737/Lettre 809

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Correspondance : année 1737GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 34 (p. 373-374).
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809. — À M. L’ABBÉ MOUSSINOT[1].
(29 décembre 1737.)

Je viens, mon cher abbé, de me faire informer de cette terre de Spoix[2] : elle est en décret. Je sais assez ce qu’elle vaut : si on pouvait l’avoir pour moins de cinquante mille livres, on ne risquerait rien, au contraire. Il est vrai qu’il faudrait payer pour treize mille livres de droits ; mais avec cela ce serait encore bien placer son argent ; elle sera adjugée aux requêtes du Palais au 1er mars : la quarantaine est ouverte. Parlez de cette terre à M. Camuzat, et dites-moi ce qu’il en pense, et si M. d’Estaing y songe pour lui. En cas que M. d’Estaing y songe, je lui propose de s’en accommoder avec moi, à vie. S’il n’y songe pas, et qu’elle ne coûte que cinquante mille livres, je veux bien l’acheter. M. Michel sera prié de garder mon argent jusqu’au 1er mars : ce sera toujours deux mois d’intérêts de gagnés.

Les six mille et tant de livres dues par M. Clément serviront à compléter le payement, et je crois que je trouverai aisément à emprunter de quoi payer les droits. Parlez-en donc à M. Clément, mon cher ami. On me dit à présent que la terre pourra bien coûter soixante mille francs. En ce cas, il faudra emprunter. J’écrirai à M. Le Texier pour cela.

M. Camuzat vous mettra aisément au fait. Il faudra charger un procureur d’enchérir pour mon compte à l’inventaire de cette terre, C’est une chose importante, et digne d’occuper votre esprit plein de ressources et de sagesse. M. Camuzat vous dira ce qu’il estime la terre.

Je vous souhaite la bonne année. À propos, un louis d’or vite aux étrennes à ce grand garçon d’Arnaud. Dites-lui que je n’écris à personne, mais que je songe à lui. Je vous embrasse.

Voilà bien des articles qui exigent réponse :

L’affaire du prince de Guise ;

La terre de Spoix ;

Les nièces ;

Les petits achats ;

Les livres.

Que je suis incommode !

  1. Édition Courtat.
  2. Cette terre est voisine de Bar-sur-Aube.