Correspondance de Voltaire/1738/Lettre 921

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Correspondance : année 1738GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 34 (p. 553-554).
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921. — DE DEMOULIN.
À Paris, le 12 août 1738.

Monsieur, nous vous remercions très-humblement de toutes vos bontés, et des facilités que vous voulez bien nous accorder pour vous payer. Nous en conserverons un précieux souvenir, et nous vous en marquerons notre vie reconnaissance dans toutes les occasions. Votre créance est bien assurée, et nous vous prions d’être persuadé que nous l’acquitterons le plus tôt qu’il nous sera possible. Je suis en avance dans plusieurs bonnes affaires, et notre zèle à obliger est cause que nous ne sommes pas à notre aise.

Vous me rendez justice, monsieur, en ne me croyant point coupable d’aucune mauvaise intention. J’ose même vous protester que jamais je n’en ai eu, et que jamais amant n’a aimé plus tendrement une maîtresse que je vous ai toujours aimé, malgré tout ce qui est arrivé. J’ai des vivacités, il est vrai : vous me les avez souvent reprochées avec raison ; mais je ne le cède à personne pour la droiture du cœur, la pureté des intentions, et la fidèle exécution quand il s’agit de rendre service.

Je sais qu’on m’a fort calomnié, et je sais encore que les personnes qui déclamaient le plus contre moi, en vous quittant, venaient au logis pour m’animer contre vous. Depuis ce temps-là j’ai rendu à une de ces personnes des services assez considérables ; et si les occasions se présentaient d’obliger les autres, je le ferais volontiers. C’est la seule vengeance que je prétends en tirer.

Si vous me croyez utile à quelque chose, et même dans ce qui peut exiger de la discrétion, honorez-moi de vos commissions, et soyez, je vous supplie, assuré d’une prompte et secrète expédition.

Ma femme vous assure de ses très-humbles respects.

J’ai l’honneur d’être avec un profond respect, monsieur, votre très-humble, etc.

Demoulin