Correspondance de Voltaire/1739/Lettre 1028

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Correspondance de Voltaire/1739
Correspondance : année 1739GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 35 (p. 120).

1028. — À M. THIERIOT[1].
16 ou 17 janvier 1739.

Mme de Champbonin partait ; mais elle tombe malade. On ne veut pas que je parte, et d’ailleurs j’aime mieux hasarder mille fausses démarches que d’en faire une contre l’amitié, et que mon cœur me reprocherait. Je reste donc, et le procès criminel que je veux absolument qu’on intente ira comme il pourra. Je n’ai ni à rougir ni à craindre.

Je n’abandonnerai de ma vie aucune branche de cette affaire : elle me coûtera quelques quarts d’heure les jours de poste, mais ne prendra rien sur le repos de mon cœur ; il n’y a que l’amitié à quoi il soit sensible.

Imitez Mme de Bernières, qui doit m’être moins attachée que vous ; elle m’écrit la lettre la plus terrible contre Desfontaines, mais si terrible que je n’ose la montrer, et que je demande quelque chose de plus modéré. C’est quatre lignes seulement d’elle et de vous, pour mettre dans mon portefeuille, pour servir de réponse à force misérables qui abusent toujours de la calomnie, et qui prennent pour vraies les impostures auxquelles on n’a pas répondu.

Cela fait une fois, cela est fait pour jamais, et je jouis paisiblement de votre amitié.

Mais je vous conseille de ne pas aigrir M. et Mme du Châtelet, en tergiversant sur la lettre qu’ils demandent : inutile, d’accord ; mais ils la demandent.

Je vous embrasse. V.

  1. Éditeurs Bavoux et François.