Correspondance de Voltaire/1739/Lettre 1050

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Correspondance de Voltaire/1739
Correspondance : année 1739GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 35 (p. 148-149).

1050. — À M. L’ABBÉ MOUSSINOT[1].
29 au soir (janvier 1739).

Mon cher abbé, voilà qui est fait : il faut mettre les fers au feu, et commencer la procédure. Vous avez sans doute un praticien habile que vous avez chargé de tout ; vous avez ma procuration : il n’y a plus qu’à présenter requête au lieutenant criminel, et obtenir permission d’informer.

Vous avez des exemplaires du libelle ; ils ont été achetés devant témoins. Mon neveu Mignot, et Montigny, son cousin, ont ouï dire à Chaubert qu’il en avait vendu, mais qu’il n’en avait plus. Ils en ont acheté chez Mérigot.

Le chevalier de Mouhy en a déposé un chez le commissaire Lecomte.

Il faut donc, sitôt la commission d’informer obtenue, faire assigner Chaubert, Mérigot, Mouhy, Montigny, votre frère, et quiconque sait des nouvelles.

On remontera aisément de Chaubert à l’auteur, et la chose me paraît en très-bon train.

Tout va bien du côté du chevalier de Mouhy : ainsi commençons, sans perdre un moment de temps.

Je compte que M. d’Argental est content enfin de mon mémoire, lequel ne nuira en rien à la procédure : au contraire.

Je vous prie d’en faire transcrire deux belles copies.

Ayez la bonté de faire ajouter dans la première partie, à l’endroit où l’on fait une espèce de dénombrement de ceux que Desfontaines a outragés, après ces mots : « Là où les autres hommes cherchent à s’instruire, » ce qui suit : « Il s’honorait de l’amitié et des instructions de M. l’abbé d’Olivet : il vient, tout récemment, de faire un livre contre lui ; il ose le dédier à l’Académie française, et l’Académie flétrit à jamais, dans ses registres, et le livre, et la dédicace, et l’auteur.

« Avec quel acharnement, » comme dans le manuscrit.

Je crois, mon cher ami, que vous voilà délivré de cette affaire. Mettez-moi aux mains avec le praticien.

Avez-vous envoyé il y a quelques mois un Newton à M. d’Argental pour un président de ses amis ?

Avez-vous passé douze cents livres à l’ordre de Mme  de La Neuville ?

Il y aura aussi environ sept cents livres à payer à l’ordre de M. Denis, et cent livres pour du Sauzet.

Nous parlerons des autres affaires temporelles une autre fois.

Voici un paquet pour M. d’Argental. Envoyez-le sur-le-champ.

Je vous embrasse de tout mon cœur.

  1. Édition Courtat.