Correspondance de Voltaire/1743/Lettre 1616
La France a passé, jusqu’à présent, pour l’asile des rois malheureux ; je veux que ma capitale devienne le temple des grands hommes. Venez-y, mon cher Voltaire, et dictez tout ce qui peut vous y être agréable. Je veux vous faire plaisir ; et, pour obliger un homme, il faut entrer dans sa façon de penser.
Choisissez appartement ou maison, réglez vous-même ce qu’il vous faut pour l’agrément et le superflu de la vie ; faites votre condition comme il vous la faut pour être heureux, c’est à moi à pourvoir au reste. Vous serez toujours libre et entièrement maître de votre sort ; je ne prétends vous enchaîner que par l’amitié et le bien-être. Vous aurez des passe-ports pour des chevaux, et tout ce que vous pourrez demander. Je vous verrai mercredi[1], et je profiterai des moments qui me restent pour m’éclairer au feu de votre puissant génie. Je vous prie de croire que je serai toujours le même envers vous. Adieu.
- ↑ Le mercredi était le 9 octobre, et Voltaire quitta Berlin le 12.