Correspondance de Voltaire/1743/Lettre 1616

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Correspondance de Voltaire/1743
Correspondance : année 1743GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 36 (p. 253).

1616. DE FRÉDÉRIC II, ROI DE PRUSSE.
(Lundi), 7 octobre.

La France a passé, jusqu’à présent, pour l’asile des rois malheureux ; je veux que ma capitale devienne le temple des grands hommes. Venez-y, mon cher Voltaire, et dictez tout ce qui peut vous y être agréable. Je veux vous faire plaisir ; et, pour obliger un homme, il faut entrer dans sa façon de penser.

Choisissez appartement ou maison, réglez vous-même ce qu’il vous faut pour l’agrément et le superflu de la vie ; faites votre condition comme il vous la faut pour être heureux, c’est à moi à pourvoir au reste. Vous serez toujours libre et entièrement maître de votre sort ; je ne prétends vous enchaîner que par l’amitié et le bien-être. Vous aurez des passe-ports pour des chevaux, et tout ce que vous pourrez demander. Je vous verrai mercredi[1], et je profiterai des moments qui me restent pour m’éclairer au feu de votre puissant génie. Je vous prie de croire que je serai toujours le même envers vous. Adieu.

Fédéric.

  1. Le mercredi était le 9 octobre, et Voltaire quitta Berlin le 12.