Correspondance de Voltaire/1745/Lettre 1740

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Correspondance de Voltaire/1745
Correspondance : année 1745GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 36 (p. 375).

1740. — À M. LE COMTE DE TRESSAN.
Le 17 juin.

Je n’ose vous supplier de m’envoyer quelques belles anecdotes héroïques ; cependant il serait bien beau à vous de contribuer à faire durer mon petit monument, vous qui en élevez de si beaux[1]. On va faire une septième édition à Paris, et peut-être la fera-t-on au Louvre ; elle est dédiée au roi, et la bonté qu’il a d’accepter cet hommage met le sceau à l’authenticité de la pièce. Je voudrais en faire un ouvrage qui passât à la postérité, et dans lequel ceux qui seront nommés pussent, dès à présent, trouver quelque petit avant-goût d’immortalité. Je voudrais des notes plus instructives, pour les vivants et pour les morts.

Ne pourrai-je point citer quelques services de M. de Lutteaux dans mon De profundis ? N’y a-t-il rien à dire sur la poste d’Antoing ? Ne s’est-il pas fait de belles et inconnues prouesses qui sont perdues,

· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · carent quia vale sacro ?

(Hor., lib. IV, od. ix, v. 28.)

Que Bellone, s’il vous plaît, instruise un peu les Muses. Je vous serais tendrement obligé.

Adieu, Pollion et Tibulle je baise votre myrte et vos lauriers.

Et quorum pars magna fuisti

( Virg., Æn., II, v. 6.)
  1. Tressan avait reçu deux blessures à la bataille de Fontenoy, en attaquant la fameuse colonne anglaise ; mais il n’est pas nommé dans le poëme de Voltaire.