Correspondance de Voltaire/1745/Lettre 1764

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Correspondance de Voltaire/1745
Correspondance : année 1745GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 36 (p. 396-397).

1764. — À M. FALKENER,
secrétaire d’état du cumberland[1].
Paris, ce 1er octobre 1745.

Sir, you bear a name that I love and respect[2]. I have, these twenty years since, the honour to be friend to sir Everard Falkener. I hope it is a recommendation towards you. À better one is my love for truth. I am bound to speak it. My duty is to write the history of the late campaings, and my king and my country will approve me the more, the greater justice I’ll render to the English nation.

Though our nations are enemies at present, yet they ought for ever to entertain a mutual esteem for one another : my intention is to relate what the duke of Cumberland has done worthy of himself and his name, and to enregister the most particular and noble actions of yours chiefs and officers, which deserve to be recorded, and what passed most worthy of praise at Dettingen and Fontenoy, particularities, if there is any, about general sir James Campbel’s death, in short, all that deserves to be transmitted to posterity.

I dare or presume to apply to you, sir, on that purpose ; if you are so kind as to send me some memoirs, I’ll make use of them. If not, I’ll content myself with relating what has been acted noble and glorious on our side and I will mourn to leave in silence many great actions done by your nation, which it would have been glorious to relate. If you think fit, sir, to do me the favour I ask, I beg you will direct the paquet, to M. de Sèchelles, intendant des armées de France.

I am, sir, with respect, your most humble and obedient servant[3].

Voltaire.
historiographe de France.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Voltaire croyait que le Falkener à qui il écrivait était un autre que son ami. La lettre du 23 explique cette méprise. (A. F.)
  3. Traduction : Monsieur, vous portez un nom que j’aime et que je respecte. Depuis vingt ans j’ai l’honneur d’être l’ami de M. Éverard Falkener. J’espère que c’est une recommandation auprès de vous ; une meilleure encore, c’est mon amour pour la vérité, que j’ai mission de publier. Mon devoir est d’écrire l’histoire des dernières campagnes. Mon roi et mon pays m’approuveront d’autant plus que je rendrai une justice plus entière à la nation anglaise.

    Quoique nos nations soient ennemies à présent, elles n’en doivent pas moins entretenir une estime mutuelle l’une pour l’autre. Mon intention est de raconter ce que le duc de Cumberland a fait de digne de lui-même et de son nom, et de rapporter les belles actions de vos chefs et de vos officiers, qui méritent d’être recueillies, ce qui s’est passé de plus digne d’éloges à Dettingen et à Fontenoy, et, s’il est possible, quelques particularités sur la mort du général Campbel ; en un mot, tout ce qui mérite d’être transmis à la postérité.

    J’ose m’adresser à vous, monsieur, dans ce dessein. Si vous êtes assez bon pour m’envoyer quelques mémoires, j’en ferai usage ; sinon, je me contenterai de rapporter ce qui a été fait de noble et de glorieux de notre côté ; et je regretterai vivement de garder le silence sur un grand nombre de belles actions qui appartiennent à votre nation, et que je serais fier de raconter. Si vous jugez à propos de m’accorder la faveur que je sollicite, ayez la bonté d’adresser le paquet à M. de Séchelles, intendant des armées de France.

    Je suis, etc.