Correspondance de Voltaire/1746/Lettre 1790

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Correspondance de Voltaire/1746
Correspondance : année 1746GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 36 (p. 418-420).

1790. — À MADAME LA DUCHESSE DE MONTENERO[1].
Versaglia.

Perdoni l’Eccellenza Vostra, se le scrivo cosi di rado. Non a da rimproverarmi la mia dimenticanza, ma da compatire il cattivo stato di mia salute, che fa di me un uomo mezzo morto, e mi toglie la consolazione di più spesso prestare a Vostra Eccellenza il dovuto mio ossequio ma la pertinace e noiosa mia infermità, ed i miei continui dolori non hanno punto indeboliti i sentimenti di rispetto, di stima e del più vivo affetto che nutrirô sempre per lei. Nè il tempo, nè la lontananza potranno mai scancellare quel che il suo meritô ha impresso nel mio cuore. Il felice parto dell’ Eccellenza Vostra mi ha recato un cosi sensibil piacere, che ha fatto svanire tutti i miei affanni. Il mio animo non è ora capace di rissentire altro che la gioia di Vostra Eccellenza, quella del signor duca suo sposo, e di tutta l’illustrissima sua casa.

Vostra Eccellenza è si cortese verso di me che, nel tempo della sua gravidanza, s’è degnata dipensare a mandarmi un bel regalo di cioccolata, che il signor marchese de L’Hospital[2], già arrivato a Versaglia, mi farà pervenire da Marsiglia, fra poche settimane. Vorrei veramente prenderne alcune chicchere nel gabinetto di Vostra Eccellenza in Napoli, e godere il giubilo di vederla collocata nel grado[3] che a bramato.

Mi lusingo che quanto ella’ desidera, sarà dall’ Eccellenza Vostra conseguito senza fallo, imperocchè il signor principe d’Ardore essendo aggregato all’ ordine del re di Francia[4], è ben giusto che quello di Napoli conceda alcuni favori alla più ragguardevole di tutte le dame francesi che possano fare l’ornamento d’una corte. Le auguro l’adempimento di tutte le sue brame ; ma non mi consolerei mai di non vedere coi proprii occhi la sua felicita, di non poter baciare il suo bambino, ne profondamente inchinare la di lui cara madre.

Qui si fanno feste ogni giorno. Le nostre comuni vittorie in Italia ed in Fiandra hanno portato la casa di Borbone al colmo della sua gloria. Il duca di Richelieu deve esser ora sbarcato[5] in Inghilterra, ed avrà forse scacciato via il re Giorgio, quando nelle mani dell’ Eccellenza Vostra capiterà la mia lettera. Eccellentissima mia signora, che ella sia sempre altrettanto felice, quanto lo sono i nostri monarchi.

Le auguro un felicissimo avanzamento ed esito dell’affare nel quale l’affezionatissima madre dell’ Eccellenza Vostra, gli umilissimi suoi servidori fervidamente s’impiegano ; ed io restero sempre colla viva ambizione d’ubbidirla, e con ogni maggiore rispetto e venerazione,

Di Vostra Eccellenzal[6], etc.

  1. Cette dame était fille de la marquise du Châtelet.
  2. Paul-François de L’Hospital, né en 1697. Il revenait de l’ambassade de Naples.
  3. Allusion au désir que la duchesse de Montenero avait alors d’être nommée dame du palais de la reine de Naples.
  4. Le prince d’Ardore, ambassadeur extraordinaire du roi des Deux-Siciles à Paris, avait été admis chevalier du Saint Esprit le 1er janvier 1746.
  5. L’embarquement n’eut pas lieu. La perte de la bataille de Culloden, le 27 avril 1746, ôta toute ressource au prince Edouard.
  6. Traduction : Que Votre Excellence me pardonne, si je lui écris si rarement. Il ne faut pas me reprocher mon oubli, mais compatir au fâcheux état de ma santé, qui fait de moi un homme demi-mort, et m’enlève la consolation de rendre plus souvent à Votre Excellence les hommages qui lui sont dus ; mais l’opiniâtre maladie qui m’afflige et mes souffrances continuelles n’ont nullement affaibli les sentiments de respect, d’estime et de la plus vive affection que j’aurai toujours pour elle. Ni le temps ni l’éloignement ne pourront jamais effacer de mon cœur l’impression qu’y a faite son mérite. L’heureux accouchement de Votre Excellence m’a causé un plaisir si sensible qu’il a fait évanouir tous mes chagrins. Mon esprit n’est capable en ce moment de rien éprouver que la joie de Votre Excellence, celle de monsieur le duc son époux, et de toute son illustre famille.

    Votre Excellence est si courtoise envers moi que, pendant sa grossesse, elle a daigné penser à m’envoyer un beau présent de chocolat, que M. le marquis de L’Hospital, déjà arrivé à Versailles, me fera parvenir de Marseille dans peu de semaines. Je voudrais vraiment en prendre quelques tasses dans le boudoir de Votre Excellence à Naples, et goûter le ravissement de la voir élevée à l’honneur qu’elle ambitionne.

    Je me flatte que tout ce qu’elle désire sera de Votre Excellence obtenu sans faute, puisque M. le prince d’Ardore ayant été décoré de l’ordre du roi de France, il est bien juste que le roi de Naples accorde quelques faveurs à la plus aimable des dames françaises qui puissent faire l’ornement d’une cour. Je prévois donc l’accomplissement de tous ses vœux. Mais je ne me consolerai jamais de ne pas voir de mes propres yeux son bonheur, de ne pouvoir embrasser son fils ni saluer profondément sa chère mère.

    Ici ce sont des fêtes chaque jour. Nos communes victoires en Italie et en Flandre ont porté la maison de Bourbon au comble de la gloire. Le duc de Richelieu doit être à présent débarqué en Angleterre, et peut-être aura-t-il chassé le roi Georges quand Votre Excellence recevra ma lettre. Que ma très excellente dame soit toujours aussi heureuse que le sont nos monarques.

    J’augure un très-favorable résultat de l’affaire dans laquelle la tres-affectionnée mère de Votre Excellence et ses très-dévoués serviteurs sont activement engagés ; et je reste toujours avec la vive ambition de lui obéir, et avec la plus sincère vénération, de Votre Excellence, etc.