Correspondance de Voltaire/1749/Lettre 2043

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Correspondance de Voltaire/1749
Correspondance : année 1749, Texte établi par Condorcet, GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 37 (p. 88-89).

2043. — DE LA PRINCESSE ULRIQUE,
princesse royale de suède.
À NOTRE APOLLON.

Je crois qu’il m’est permis de répondre aux vers galants d’un être que vous savez que je crois fort approcher de l’intelligence des anges. Vous autres habitants des cieux, je vous trouve fort dangereux pour les mortelles.


De l’esprit redoutons l’empire ;
D’un amant tel que vous le prestige est trop fort ;
Il séduit l’âme, étonne, et, tandis qu’on admire,
Le cœur est sans défense, et la raison s’endort.
La Vierge même (on nous l’atteste)
Céda contre un esprit céleste.

Je ne sais si l’on peut dire céder contre mais n’importe. Si je ne parle pas français, du moins j’entends fort bien le vôtre, et je vais relire encore Sémiramis. L’instruction que vous donnez à votre cardinal[1] m’a fait grand plaisir.

Je crois que vous avez des relations à Berlin. Si vous y envoyez un paquet, je vous prie de m’en faire avertir ; je ferais tenir, en même temps, a M. Algarotti quelque chose qu’il me demande et qui est trop gros pour la poste. Ne vous croyez pas obligé à me répondre à ce billet : c’est bon pour moi, qui ne veux rien faire ; mais vous, monsieur, qui pouvez toujours, faites des tragédies, et laissez-moi dire.

  1. Voyez la Dissertation en tête de Sémiramis, tome IV, page 487.