Correspondance de Voltaire/1751/Lettre 2235

La bibliothèque libre.
Correspondance de Voltaire/1751
Correspondance : année 1751, Texte établi par Condorcet, GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 37 (p. 274-275).

2235. — À FRÉDÉRIC II, ROI DE PRUSSE

Vous qui daignez me départir
Les fruits d’une muse divine,
roi ! je ne puis consentir
Que, sans daigner m’en avertir,
Vous alliez prendre médecine.
Je suis votre malade-né,
Et sur la casse et le séné
J’ai des notions non communes.
Nous sommes de même métier ;
Faut-il de moi vous défier,
Et cacher vos bonnes fortunes ?

Sire, vous avez des crampes, et moi aussi ; vous aimez la solitude, et moi aussi ; vous faites des vers et de la prose, et moi aussi ; vous prenez médecine, et moi aussi : de là je conclus que j’étais fait pour mourir aux pieds de Votre Majesté.