Correspondance de Voltaire/1751/Lettre 2236

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Correspondance de Voltaire/1751
Correspondance : année 1751, Texte établi par Condorcet, GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 37 (p. 275).

2236 — À MADAME LA DUCHESSE DE SAXE-GOTHA[1].
À Berlin, ce 23 mai 1751.

Madame, Votre Altesse sérénissime daignera-t-elle accepter le tribut qu’un homme, qui lui est peut-être inconnu, ose mettre à ses pieds ? Monseigneur le prince votre fils, à qui j’ai quelquefois fait ma, cour à Paris, me servira de protecteur auprès de Votre Altesse sérénissime. J’avais la plus forte passion de me présenter dans votre cour en allant à Berlin, et d’admirer de près les vertus d’une mère si respectable ; je ne me console point de n’avoir pu jouir de cet honneur, et de celui d’approcher encore de monseigneur le prince de Gotha, que j’ai vu donner à Paris de si grandes espérances.

Je ne prendrais pas la liberté de présenter à Votre Altesse sérénissime ce recueil qu’on a fait à Dresde de mes ouvrages si cet exemplaire n’était, par sa singularité, digne de tenir une place dans une bibliothèque. Il y a plus de deux cents pages corrigées par ma main, ou réimprimées. Il n’y a que trois exemplaires au monde de cette espèce. J’ai cru remplir mon devoir en envoyant un de ces exemplaires à madame la princesse royale de Pologne, et en mettant l’autre à vos pieds. J’ose me flatter, madame, de votre indulgence et de votre bonté.

Je suis avec le plus profond respect, madame, etc.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François. — Louise-Dorothée de Saxe-Meiningen, née le 10 août 1710, mariée en 1729 à Frédéric III, duc de Saxe-Gotha, est morte le 11 novembre 1767.