Correspondance de Voltaire/1753/Lettre 2506

La bibliothèque libre.
Correspondance de Voltaire/1753
Correspondance : année 1753, Texte établi par Condorcet, GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 37 (p. 558-559).

2506. — À M. LE MARQUIS D’ARGENS.

Mon cher Isaac, il est vrai que j’ai enfoncé des épingles dans le cul[1], mais je ne mettrai point ma tête dans la gueule.

Je vous prie de lire attentivement l’article ci-joint du Dictionnaire[2] de Scriberius audens, et de me le rendre, et de m’en dire votre avis. Je suis fâché que vous ne vous appliquiez plus à ces bagatelles rabbiniques, théologiques, et diaboliques ; j’aurais de quoi vous amuser ; mais vous aimez mieux à présent la basse de viole. Tout est égal dans ce monde, pourvu qu’on se porte bien et qu’on s’amuse.

Si bene vales, ego quidem non valeo … te amo, tua tueor[3]. Avez-vous reçu votre contrat[4] ? Songez, je vous en prie, au livre de l’abbé de Prades, et à la religion naturelle : c’est la bonne ; il faut l’avoir dans le cœur.

  1. Allusion aux rêveries de Maupertuis.
  2. Peut-être s’agit-il ici du Dictionnaire philosophique, pour lequel Voltaire avait déjà composé l’article Abraham. (Cl.)
  3. Pline, épître xi.
  4. Voyez le premier alinéa de la lettre 2395.