Correspondance de Voltaire/1753/Lettre 2529

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Correspondance de Voltaire/1753
Correspondance : année 1753GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 38 (p. 4).

2529. — À FRÉDÉRIC II, ROI DE PRUSSE.
À Berlin, au Belvédère[1], le 12 mars.

Sire, j’ai reçu une lettre de Kœnig tout ouverte ; mon cœur ne l’est pas moins. Je crois de mon devoir d’envoyer à Votre Majesté le duplicata de ma réponse[2]. J’ai tant de confiance en ses bontés et en sa justice que je ne lui cache aucune de mes démarches. Je vous soumettrai ma conduite, toute ma vie, en quelque lieu que je l’achève. Je suis ami de Kœnig, il est vrai ; mais assurément je suis plus attaché à Votre Majesté qu’à lui ; et, s’il était capable de manquer le moins du monde à ce qu’il vous doit, je romprais pour jamais avec lui.

Soyez convaincu, sire, que je mets mon devoir et ma gloire à vous être attaché jusqu’au dernier moment. Ces sentiments sont aussi ineffaçables que mon affliction, qui chaque jour augmente.

Je me jette à vos pieds et j’attends les ordres de Votre Majesté.

  1. Voltaire avait quitté, le 5 mars, la maison de Francheville pour aller loger dans celle du négociant Schweigger, qu’il nomme Belvédère dans ses lettres.
  2. La lettre précédente.