Correspondance de Voltaire/1755/Lettre 2909

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Correspondance de Voltaire/1755
Correspondance : année 1755GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 38 (p. 370).

2909. — À M. DE BRENLES.
Aux Délices, 16 avril.

Je partage votre douleur, monsieur, après avoir partagé votre joie ; mais heureux ceux qui, comme vous, peuvent réparer leur perte au plus vite ! je ne serais pas dans le même cas. Bien loin de faire d’autres individus, j’ai bien de la peine à conserver le mien, qui est toujours dans un état déplorable. En vérité, je commence à craindre de n’avoir pas la force d’aller sitôt à Monrion.

Soyez bien sûr, monsieur, que mes maux ne dérobent rien au tendre intérêt que je prends à tout ce qui vous touche. Je crois que Mme  de Brenles et vous avez été bien affligés ; mais vous avez deux grandes consolations : la philosophie et du tempérament. Pour moi, je n’ai que de la philosophie ; il en faut assurément pour supporter des souffrances continuelles qui me privent du bonheur de vous voir. Ma nièce s’intéresse à vous autant que moi ; elle vous fait les plus sincères compliments, aussi bien qu’à Mme  de Brenles. Nous apprenons que vous avez un nouveau bailli ; ce sera un nouvel ami que vous aurez.

Adieu, mon cher monsieur ; je suis bien tendrement à vous pour jamais. V.