Correspondance de Voltaire/1755/Lettre 2915

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Correspondance de Voltaire/1755
Correspondance : année 1755GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 38 (p. 375-376).

2915. — À MM. CRAMER[1].
Samedi au soir, 15 mai 1755 (nisi fallor).

Retenu dans ma petite retraite de Monrion par le vent de bise, je vous dirai, frères très-chers, que j’ai relu le Siècle de Louis XIV. J’aurais encore quelques particularités intéressantes à y ajouter, et je pense que vous feriez bien de suspendre l’impression jusqu’à mon retour aux Délices. Il vaut bien mieux différer que de faire des cartons. À propos de cartons, je ne doute pas que vous n’ayez recommandé expressément qu’on coupât à l’imprimerie les pages des Œuvres mêlées auxquelles des cartons sont substitués. Cela est d’une importance extrême. Il arrive tous les jours que des relieurs relient ensemble la page qui devrait être supprimée et le carton qui devrait être seul employé ; alors le lecteur voit toutes les sottises de l’auteur, et le libraire ne s’en trouve pas mieux.

Mille tendres compliments à toute la famille. Je pars enfin demain pour Berne, n’ayant plus le vent contraire. On dit que la flotte anglaise a aussi bon vent[2]. Vous devez à présent en avoir des nouvelles. Valete, fratres.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François,
  2. Les hostilités entre la France et l’Angleterre allaient commencer.