Correspondance de Voltaire/1758/Lettre 3596

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Correspondance de Voltaire/1758
Correspondance : année 1758GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 39 (p. 436).
3596. — À. M.  DE BRENLES.

Le pape et moi, mon cher ami, nous sommes encore un peu en vie. Sa Sainteté pisse, et ma profanéité ne digère point : mais je ne suis pas si plaisant que le pape. Son chirurgien s’appelle Ponce ; il sondait Benoît XIV, et Benoît lui disait : « Ah ! Ponce, tu as crucifié le maître, et tu crucifies encore le vicaire. »

Je compte vous venir embrasser dès que ma santé me permettra d’aller à Monrion. Mille tendres respects à madame votre femme. Adieu ; aimez vivant celui que vous avez daigné regretter mort[1], et comptez que mon âme sera à vous tant quelle sera dans son triste étui.


Voltaire.

  1. On avait fait courir le bruit de la mort de Voltaire ; voyez la lettre 3593.