Correspondance de Voltaire/1760/Lettre 4396

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Correspondance : année 1760
Garnier (Œuvres complètes de Voltaire, tome 41p. 130-131).

4396. — À M. DUVERGER DE SAINT-ÉTIENNE,
gentilhomme du roi de pologne[1].
Décembre 1760.

Tout malade que je suis, monsieur, je suis très-honteux de ne répondre qu’en prose, et si tard, à vos très-jolis vers. Je félicite le roi de Pologne d’avoir auprès de lui un gentilhomme qui pense comme vous[2]. Il serait bien difficile qu’on pensât autrement à la cour d’un prince qui pense si bien lui-même, et qui a fait renaître, dans la partie du monde qu’il gouverne, les beaux jours du siècle d’Auguste, l’amour des arts et des vertus.

Lorsque j’ai demandé, monsieur, votre adresse à Mme la marquise des Ayvelles[3], à qui je dois sans doute vos sentiments, je me flattais de vous faire de plus longs remerciements. Ma mauvaise santé ne me permet pas une plus longue lettre ; mais elle ne dérobe rien aux sentiments d’estime et de reconnaissance[4], monsieur, de votre très-humble et très-obéissant serviteur.

Voltaire.

  1. Il avait adressé à Voltaire, sur la comédie de l’Écossaise, une épître imprimée dans le Mercure, tome II d’octobre 1760.
  2. Je donne cette lettre telle qu’elle est imprimée dans le Mercure, 1761, tome I, page 106. Elle y est sans date. Les éditeurs de Kehl l’ont datée du 1er septembre, et leur texte est ici différent :

    « … comme vous. Cela fait presque pardonner la protection qu’il a prodiguée à un malheureux tel que Fréron. Ce monarque est comme le soleil, qui luit également pour les colombes et pour les vipères. »

    Stanislas avait, en 1757, été parrain du fils de Fréron, qui a été membre de la Convention, (B.)

  3. Marie-Béatrix du Châtelet, mariée à Phil-Fr. d’Ambly des Ayvelles, en 1693. Voltaire avait sans doute connu, en Lorraine, cette parente de la marquise du Châtelet. (Cl.)
  4. Dans l’édition de Kehl on lit : « Avec lesquels j’ai l’honneur d’être, etc.

    Vous m’avez attendri, votre épître est charmante ;
            En philosophe vous pensez ;
    Lindane est dans vos vers plus belle et plus touchante,
            Et c’est vous qui l’embellissez. »

    Voyez dans les Poésies inédites, tome X, le n° 225.