Correspondance de Voltaire/1762/Lettre 4947

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4947. — À M.  DE LA MOTTE-GEFRARD[1].
Aux Délices, 26 juin.

Tout ce qui est de la main de Henri IV, monsieur, est bien précieux. C’était un homme adorable avec ses ennemis et avec ses maîtresses. Des lettres d’amour de ce grand roi valent mieux que tous les édits de ses prédécesseurs. Je ne sais comment reconnaître le plaisir que vous me faites ; j’attends votre bienfait avec autant d’impatience que de reconnaissance. J’ai des lettres de lui à la reine Élisabeth, dans lesquelles il paraît plus embarrassé qu’il ne l’est avec ses maîtresses. S’il avait pu coucher avec cette reine, il n’aurait pas fait le saut périlleux, et il n’aurait point rappelé les jésuites, que nos parlements chassent comme les Anglais ont autrefois chassé les loups. Je ne sais pas combien on donne à présent de la tête d’un jésuite ; celle du cardinal Mazarin fut autrefois à cinquante mille écus ; c’est beaucoup trop payer.

  1. Cette lettre est en réponse à l’offre que fit M. de La Motte à M. de Voltaire des lettres manuscrites de Henri IV à Corisande d’Andouin. (K.) — Voyez ces lettres, tome XII, pages 563-572, — La Motte-Gefrard, depuis comte de Sannois, descendait, par les femmes, de Corisande d’Andouin. (B.)