Correspondance de Voltaire/1762/Lettre 5029
Mes divins anges, je prends donc la liberté de faire mon compliment à M. le comte de Choiseul[1]. Ce compliment est court, mais il part du cœur ; et malheur aux compliments quand ils sont longs ! D’ailleurs ma fluxion ne me permet pas une éloquence bien prolixe. Je joins à mon paquet un Canning-Calas[2] qui me reste : on peut toujours le placer. J’attends avec bien de l’impatience le mémoire instructif de Mariette, et la philippique d’Élie. J’espère que cette philippique fera un très-grand effet, et qu’elle sera signée d’un grand nombre d’avocats. C’est un point important. Ces témoignages réunis tiennent lieu d’un arrêt, et dirigent celui des juges. Ah ! mes anges, que vos louanges seront chantées, quand vous aurez consommé votre bonne action !
Je vous prie de faire mes compliments à frère Berthier (quand vous le verrez) sur sa résurrection, et sur sa place de sous-précepteur[3]. Il faut espérer qu’il sera un jour un petit cardinal de Fleury.
Eh bien ! ce Henri IV[4], dont j’espérais tant, n’a pas même réussi à Bagnolet. Lekain m’en avait dit merveilles ; il m’a dit aussi miracle d’Èponine[5]. Je n’ai pas grande foi au goût de Lekain.
Les Délices sont aux pieds de mes anges.
- ↑ Voyez la lettre qui suit.
- ↑ Histoire d’Élisabeth Canning et de Jean Calas ; voyez tome XXIV, page 398.
- ↑ Le jésuite Berthier venait d’être nommé sous-précepteur ou adjoint à l’éducation des deux princes qui ont depuis régné sous les noms de Louis XVI et Louis XVIII.
- ↑ Voyez la note, page 93.
- ↑ Tragédie de Chabanon, qui lut jouée le 6 décembre 1762.