Correspondance de Voltaire/1762/Lettre 5082

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Correspondance : année 1762GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 42 (p. 278-279).

5082. — À M.  DAMILAVILLE.
3 novembre.

Mon cher frère, je suis toujours émerveillé que trois vingtièmes ne vous dérobent ni à la philosophie ni à la littérature. Il me semble que cela fait honneur à l’esprit humain. Sera-t-il dit que je mourrai sans vous avoir vu dans ma retraite avec le cher frère Thieriot et l’illustre frère Diderot ?

Voici une lettre pour un digne frère[1] ; ce n’est pas un Omer : je vous supplie de la faire tenir. Que Dieu nous donne des procureurs généraux qui ressemblent à celui-là !

Notre cher frère saura qu’on est honteux sur cette méprise de cette belle lettre anglaise[2]. J’ai bien crié, et je le devais. Il n’est pas mal de mettre une bonne fois le ministère en garde contre les calomnies dont on affuble les gens de lettres.

Je ne sais point encore les conditions de la paix ; mais qu’importent les conditions ? On ne peut trop l’acheter.

L’affaire des Calas n’avance point ; elle est comme la paix. Puissions-nous avoir pour nos étrennes de 1763 un bon arrêt et un bon traité ! Mais tout cela est fort rare.

Poursuivez l’inf… ; je ne fais point de traité avec elle.

Et frère Thieriot, où dort-il ?

Valete, fratres.

  1. M. de La Chalotais. (K.)
  2. Voyez n° 4872.