Correspondance de Voltaire/1763/Lettre 5164

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Correspondance : année 1763GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 42 (p. 360).

5164. — À M.  DEBRUS[1].
R[eçue] le 30 janvier (1763).

Je regarde, monsieur, la saisie faite à Montpellier comme une insolence punissable[2]. Des mémoires juridiques, signés de quinze avocats, présentés au conseil, sont assurément plus respectables que l’arrêt du parlement de Toulouse. C’est intervertir l’ordre de la justice que de supprimer des factums d’avocats qui demandent justice. Le parlement de Toulouse n’en a pas le droit. Mais il veut éloigner les coups qu’on lui porte, et par cela même il fait voir qu’il les mérite. Celle démarche, Dieu merci, le rendra odieux au conseil ; il pense sauver son malheureux honneur, et il se couvre de honte. Laissez faire, nous aurons justice.

  1. Éditeur, A. Coquerel. — L’adresse est : « À monsieur, monsieur de Brus, à Genève. »
  2. Les consultations des avocats que Voltaire et ses amis faisaient répandre partout irritèrent profondément les partisans du parlement de Toulouse, surtout dans le Midi. Le présidial de Montpellier fit saisir judiciairement ces mémoires, insulte insensée qui les fit rechercher davantage, et qui fit dire partout avec pleine raison que les adversaires des Calas ne pouvaient supporter l’examen de leur cause. (Note du premier éditeur.)