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Correspondance de Voltaire/1772/Lettre 8531

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8331. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL[1].
29 avril.

Mon cher ange, vous saurez d’abord que M. Huber[2], Genevois, qui va à Paris, vous remettra un neuf.

Ensuite vous saurez que l’avocat Duroncel est convenu de tout ce que vous dites dans votre lettre du 13 avril. Il y a remédié comme il a pu, ainsi qu’à quelques autres défauts ; il vous enverra une nouvelle copie de son factum bien et dûment corrigée. Il se pressait d’abord de faire porter sa cause à l’audience, parce qu’il craignait ce qui est arrivé ; et les mêmes raisons qui lui donnaient de la vivacité, le forcent à présent à temporiser beaucoup.

Il sait d’ailleurs que votre ville de Paris est remplie des plus sottes et des plus violentes cabales, des intrigues les plus ridicules, des plus absurdes calomnies en tout genre. Si vous avez vu un petit libelle intitulé Réflexions sur la jalousie[3], composé par un ancien associé d’Helvétius, voici ma réponse[4]. Si le libelle est publié, je la publierai ; s’il est inconnu, je la supprimerai. Mandez-moi, je vous prie, si on nomme l’auteur du libelle ; soyez sûr que je vous garderai inviolablement le secret.

Sur ce, je me mets sub umbra alarum tuarum.

P. S. J’ai là ce plaidoyer en faveur du comte de Morangiés. N’êtes-vous pas indigné contre Gerbier, qui soutient des coquins absurdes dont le crime saute aux yeux ? Il faut que l’absurdité soit bien faite pour le peuple, puisque tout Paris a pris le parti de ces misérables.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Le peintre.
  3. Par Ch. Le Roy.
  4. Voyez la Lettre sur un écrit anonyme, tome XXVIII, page 489.