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Correspondance de Voltaire/1772/Lettre 8533

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8533. — À M. LE CARDINAL DE BERNIS.
À Ferney, 2 mai.

Je l’avais bien dit à Votre Éminence et à Sa Sainteté, que vous seriez tous deux responsables des péchés de ce pauvre Florian[1]. Il s’est marié comme il a pu. On prétend que son mariage est nul ; mais les conjoints l’ont rendu très-réel.

C’est bien la peine d’être pape pour n’avoir pas le pouvoir de marier qui l’on veut ! Pour moi, si j’étais pape, je donnerais liberté entière sur cet article, et je commencerais par la prendre pour moi.

En attendant, permettez que j’aie l’honneur de vous envoyer ce petit conte qui m’a paru très-honnête[2], et qui est, je crois, d’un jeune abbé. Quand les dieux autrefois venaient sur la terre, c’était pour s’y amuser, attendu que la journée a vingt-quatre heures. Votre génie doit s’amuser toujours, même à Rome ; il serait peut-être excédé de tracasseries dans Versailles ; il verrait de trop près nos misères ; il est mieux dans le pays des Scipion, des Virgile, et des Horace.

Le vieux malade de Ferney vous demande très-humblement votre bénédiction et des indulgences plénières.

  1. Voyez lettres 8467 et 8508.
  2. La Bégueule, conte, tome X.