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Correspondance de Voltaire/1772/Lettre 8590

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Correspondance : année 1772GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 48 (p. 143-144).
8590. — À M. W. CHAMBERS[1].
Au château de Ferney, 1er auguste.

Monsieur, ce n’est pas assez d’aimer les jardins, ni d’en avoir ; il faut avoir des yeux pour les regarder, et des jambes pour s’y promener. Je perds bientôt les uns et les autres, grâce à ma vieillesse et à mes maladies. Un des derniers usages de ma vue a été de lire votre très-agréable ouvrage. Je m’aperçois que j’ai suivi vos préceptes autant que mon ignorance et ma fortune me l’ont permis. J’ai de tout dans mes jardins, parterres, petites pièces d’eau, promenades régulières, bois très-irréguliers, vallons, prés, vignes, potagers avec des murs de partage couverts d’arbres fruitiers, du peigné et du sauvage, le tout en petit, et fort éloigné de votre magnificence. Un prince d’Allemagne se ruinerait en voulant être votre écolier.

J’ai l’honneur d’être, avec toute l’estime que vous méritez, votre très-obéissant, etc.

  1. Guillaume (Williams) Chambers, architecte anglais, né en Suède, mort à Londres le 8 mars 1796, avait publié en anglais et en français une Dissertation sur le jardinage de l’Orient, 1772, in-4o.