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Correspondance de Voltaire/1772/Lettre 8592

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Correspondance : année 1772GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 48 (p. 144-145).
8592. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL[1].
1er auguste.

Mon cher ange, puisque vous avez eu la bonté de m’adresser le paquet de M. Parfait, vous permettrez que la réponse passe aussi par vos mains.

Je crois toujours que plus notre avocat tardera à plaider, mieux il plaidera[2]. Il peut perdre sa cause, quoiqu’il la croie bonne, et il faut qu’il y travaille comme s’il la croyait mauvaise. Il donnera son factum à l’avocat Lekain, et je crois qu’il ne sera pas mal que Lekain nous mande dans quelles pièces il veut jouer, afin qu’on se prépare. Le temps presse, il n’y a pas un moment à perdre.

Ce Patrat, dont je vous ai parlé, est réellement un bon acteur, et il deviendra bien meilleur quand il sera à Paris. Je suis toujours dans le dessein de lui donner le rôle du vieillard de Cydonie. Je vous supplierai de le recommander bien fortement à M. le duc de Duras ; c’est non-seulement un bon comédien, mais un bon homme et fort estimable.

Mademoiselle Camille va, je crois, bientôt implorer vos bontés. Grande créature, comme je vous l’ai dit, bien faite, l’air imposant, belle voix, de l’esprit, du sentiment. Elle remplacera Mlle Dumesnil dès qu’elle sera tout à fait déprovincialisée. Je vous ai remercié du mémoire historique de M. le marquis de Felino[3].

Je me mets à l’ombre des ailes de mes anges.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Il s’agit toujours des Lois de Minos.
  3. Exilé en France.