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Correspondance de Voltaire/1772/Lettre 8611

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Correspondance : année 1772GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 48 (p. 157-158).
8611. — À MADAME DE SAINT-JULIEN.
à ferney, 25 auguste.

Ce n’était pas, madame, quand je n’avais plus l’honneur de vous tenir à Ferney que mes jours devaient être filés d’or et de soie. J’ai reçu ces petits échantillons de soie blanche, façonnée en blondes, que vous avez eu la bonté de nous envoyer. Nos ouvrières de Ferney vont travailler sur ces modèles. J’aurai bientôt l’honneur de vous envoyer un essai d’une autre manufacture, car je suis aussi sûr de votre secret que de vos bontés.

Vraiment je remercierai M. le duc de Duras ; mais je dois commencer par vous. Oserai-je, en vous présentant mes remerciements, vous faire encore une prière ? ce serait, madame, de vouloir bien, quand vous verrez M. d’Ogny, lui parler de la reconnaissance extrême que j’ai de toutes les facilités qu’il a accordées à ma colonie jusqu’à présent. Ma sensibilité, et surtout un petit mot de votre bouche, l’engageront peut-être à me continuer des faveurs qui me sont bien nécessaires. Si elles cessaient, mes fabriques tomberaient, mes maisons que j’ai augmentées deviendraient inutiles, les fabricants ne pourraient me rien rembourser des avances énormes que je leur ai faites sans aucun intérêt ; je me verrais ruiné. Voilà deux hommes à Ferney dont vous daignez soutenir la cause dans des genres différents, Racle[1] et moi.

Le vieux malade est trop vieux pour venir vous faire sa cour à Paris. Il faut savoir aimer la retraite ; mais, madame, il vous sera attaché jusqu’au dernier moment de sa vie avec le plus tendre respect.

  1. Dont il est parlé dans la lettre 8589.