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Correspondance de Voltaire/1772/Lettre 8631

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Correspondance : année 1772GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 48 (p. 175).
8631. — À M. LE MARÉCHAL DUC DE RICHELIEU.
À Ferney, 21 septembre.

Il ne s’agit pas aujourd’hui, monseigneur, des mariages des protestants. Lekain est chez moi, et il me fait oublier toutes les religions du monde, excepté celle des musulmans, quand il joue Mahomet. Il m’a fait connaître Sémiramis, que je n’avais point vue depuis vingt-quatre ans. Cela m’a fait frémir, tant cela ressemble[1] !… J’en ai été honteux et hors de moi-même. Tous les étrangers ont éprouvé le même sentiment.

Lekain a fait des efforts qui font craindre pour sa santé. Nous vous demandons en grâce, lui et moi, de permettre qu’il ne vienne à Fontainebleau que le 12. Ayez cette bonté pour nous deux ; je vous en aurai la plus grande obligation.

Agréez le tendre et profond respect du vieux malade de Ferney.

  1. Voltaire veut parler de la ressemblance entre sa tragédie de Sémiramis et la révolution de 1762, qui mit Catherine II sur le trône. Cette ressemblance avait été remarquée depuis longtemps ; voyez tome XLVI, page 2.