Cours d’agriculture (Rozier)/BARRER LES VEINES

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Hôtel Serpente (Tome secondp. 167).


BARRER LES VEINES. Opération pratiquée par les maréchaux, & sur-tout par ceux de la campagne, sur les veines des jambes, pour arrêter, disent-ils, les mauvaises humeurs qui s’y jettent ; elle se fait en ouvrant le cuir, en dégageant la veine avec une corne de chamois, en la liant dessus & dessous, & en la coupant entre deux ligatures. On barre les veines de la cuisse pour les maux des jambes & des jarrets, au paturon pour les maux de la sole, & quelquefois aux larmiers & aux deux côtés du cou, pour les maux des yeux. Des observations journalières nous démontrent le peu d’effet de cette opération. Nous l’approuverions volontiers, si l’humeur qu’on prétend incommoder la partie, n’y communiquoit que par la branche de veine qu’on barre ; ce qu’un anatomiste ne sauroit admettre, puisqu’il sait que le sang s’y rend par des rameaux collatéraux ; cette opération d’ailleurs arrêtant en partie la circulation du sang, ce fluide arrêté, la sérosité se sépare de la partie rouge, transsude à travers des tuniques de la veine, se dépose dans le tissu cellulaire, & forme l’œdème, l’engorgement des jambes, & une infinité d’autres maux plus grands & plus longs à guérir que ceux auxquels on prétend remédier par une pareille pratique. M. T.