Cours d’agriculture (Rozier)/CHÉLIDOINE

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Hôtel Serpente (Tome troisièmep. 196-197).


CHÉLIDOINE ou l’Éclaire. (Voyez Pl. 6) M. Tournefort la place dans la sixième section de la classe cinquième, qui comprend les herbes à fleur de plusieurs pièces disposées en croix, dont le pistil devient une silique à une seule loge, & il l’appelle chelidonium majus vulgare ; M. von Linné la nomme chelidonium majus, & la classe dans la polyandrie monogynie.

Fleur, en croix, composée de quatre pétales B, obronds, planes, ouverts, plus étroits à leur base. Le calice est divisé en deux folioles ovales, concaves, qui tombent avec les pétales. Du centre de la fleur s’élève une trentaine d’étamines C, & le pistil D.

Fruit, silique cylindrique, représentée ouverte en E, à deux valves, séparées par une cloison membraneuse, qui fait l’office de placenta ; elle est bordée de deux nervures auxquelles s’attachent alternativement les graines F.

Feuilles ; elles embrassent les tiges, par leur base, elles sont presque toujours à trois, ou à cinq découpures, quelquefois entières & à dentelures arrondies sur leurs bords ; les découpures, ou lobes supérieurs de la feuille, sont ordinairement plus grands que les intérieurs.

Racine A, en forme de fuseau, fibreuse, chevelue.

Port. Les tiges s’élèvent au milieu des feuilles ; leurs fleurs naissent du sommet, disposées en manière d’ombelles ; les fruits sont jaunes, & le suc de la plante l’est également.

Lieu. Les terreins incultes, les vieux murs ; la plante est vivace & elle fleurit pendant tout le printemps.

Propriétés. Le suc est âcre, piquant, un peu amer, ainsi que toute la plante. L’herbe & la racine sont regardées comme résolutives, apéritives, purgatives & fébrifuges. Les feuilles échauffent, augmentent médiocrement le cours des urines, causent souvent des coliques, maintiennent le ventre libre & purgent quelquefois. Elles sont utiles dans l’hydropisie, par lésion du foie, & dans l’obstruction récente du foie. Le suc exprimé des feuilles, sous forme d’injection ou de fomentation, favorise assez souvent la détersion des ulcères peu sensibles, sanieux & calleux. On lui a attribué la propriété de détruire les verrues excoriées, ce qui ne réussit pas souvent. L’usage de la racine, dans la colique néphrétique occasionnée par des graviers, n’est pas toujours accompagné d’un succès heureux, sur-tout s’il excite spasme ou disposition inflammatoire. Il faut beaucoup de prudence lorsqu’on administre l’eau distillée de la plante pour les maladies des yeux, & encore plus, si on se sert de son suc exprimé.

Usages. Les feuilles récentes se prescrivent depuis une demi-dragme jusqu’à une once dans huit onces d’eau ; la racine sèche depuis une demi-dragme jusqu’à demi-once dans cinq onces d’eau. On donne aux animaux la poudre de la racine à la dose de demi-once, ou bien infusée dans du vinaigre à la dose d’une once sur huit onces de vinaigre, pour être prise en deux fois.