Cours d’agriculture (Rozier)/INSECTE

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Hôtel Serpente (Tome cinquièmep. 678-680).


INSECTE. Le nombre & la forme des insectes sont si variés, qu’il est presque impossible d’en donner une définition exacte & générale. Von-Linné comprend sous le nom d’insectes, les animaux qui, dans leur état parfait, ont des antennes au-devant de la tête, & la peau crustacés ou écailleuse. On appelle antenne, des espèces de petites cornes mobiles placées à la tête de tous les insectes, soit qu’elles soient simples ou composées. Un caractère essentiel aux insectes, est d’avoir l’ouverture de l’organe de la respiration placée sur le dos, & cet orifice est ou couvert de poils, ou par des écailles mobiles, ou par les ailes de l'animal. Quoique l’étude des insectes soit une des plus agréables occupations de la campagne, & la plus propre pour élever l’idée de l’homme, de l’animalcule jusqu’à celui qui lui donne la vie, je n’entrerai pas dans de plus grands détails, parce que ce seroit s’éloigner du but de cet ouvrage. Il suffit au cultivateur ordinaire de connoître ce qui l’intéresse essentiellement. D’ailleurs, en parlant du ver à soie, en suivant ses métamorphoses, il aura un apperçu de la manière d’être & de se multiplier de presque tous les insectes, puisque ce précieux animal passe par les trois états qui caractérisent, en général, la classe des insectes. Ceux qui désireront de plus grands détails, & voudront mettre de l’ordre dans leur amusement & dans leur occupation, car c’en est une bien attrayante, doivent se procurer l’Histoire des insectes de M. de Réaumur ; des Mouches, par M. Bazin ; l’Histoire abrégée, par M. Geoffroi ; les ouvrages de M. Bonnet, & ceux cités par ces auteurs. On trouve dans le Dictionnaire de M. Valmont de Bomare, sur l’Histoire naturelle, un précis bien fait sur ce qui concerne la vie & les mœurs des insectes. Je me contente de représenter ici ceux dont il est fait mention dans cet ouvrage. (Voy. Pl. XXVII). Quant à la description, Voyez ce qui a été dit au mot propre.

Figure 1. La Blatte. M représente la blatte mâle ; N la blatte femelle, toutes deux un peu grossies.

Fig. 2. La Cantharide. O animal de grandeur naturelle ; P sa tête séparée pour faire voir les antennes ; Q une de ses pattes postérieures ; R une des pattes antérieures.

La Cadelle & le Charançon du blé sont représentés dans une des gravures du mot Froment.

Fig. 3. Charançon rouleur, ou de la vigne. A, insecte de grandeur naturelle, B le même, les ailes déployées, C dans son état de ver ; D feuille à demi roulée, E feuille entièrement roulée.

Fig. 4. La Courtillière, ou Taupe-grillon. A animal de grandeur naturelle ; B sa tête séparée pour faire voir les antennes, & ses petits yeux lisses.

Fig. 5. Le Gribouri. G, l’animal de grandeur naturelle, vu en dessus.

H, le même grossi & vu de cote.

I, sa patte séparée. K, son antenne séparée.

Fig. 6. Le Hanneton. A, celui à corcelet noir, brun ou rouge, & de grandeur naturelle.

B, seconde espèce plus petite, avec les mêmes variétés de couleur dans le corcelet.

C, troisième espèce beaucoup plus petite que les deux autres, & plus printanière ; elle sort de terre en deux temps de l’année ; son corcelet est communément rouge.

D, ver de la première espèce à sa seconde année ; il est un tiers plus gros & plus long à la troisième. Celui de l’espèce C est moins blanc, plus verdâtre.

Fig. 7. La Gale-insecte. A, branche couverte de gale-insectes, à la file les unes des autres.

B, insecte vu par dessus & dans la position où il est attaché contre un arbre ; a est sa partie antérieure, & b sa partie postérieure, où l’on remarque une fente.

C, représente la place d’une branche d’où la gale-insecte B a été détachée. Les traits blancs sont d’une matière cotonneuse, & marquent les impressions que le contour du corps, les jambes & les anneaux ont laissées.

D, c’est la gale-insecte B vue du côté du ventre…, a la partie antérieure…, b fente de la partie postérieure. S montre par une ligne ponctuée, l’endroit où est le suçoir ou la trompe de l’animal…, iiii quatre de les six jambes ; ses anneaux sont assez distincts ; cette gale-insecte est prête à pondre, aussi son ventre est-il de niveau avec le contour de sa coque ou d’enveloppe cccc.

La fausse teigne qui dévore les blés est représentée dans une des planches du mot Froment.

On a vu que les trachées par lesquelles les insectes respirent, sont placées sur le dos. L’expérience a prouvé que la plus légère parcelle d’huile suffit pour en boucher l’orifice, & donner la mort à l’insecte ; point de fait qui sera mieux développé à l’article Taupe-grillon. Le savon produit le même effet lorsqu’il est dissous dans l’eau, & si les teignes s’emparent des tentures, des étoffes en laine, il suffit de les frotter par derrière avec du savon, afin d’en chasser les insectes. Il faut répéter plusieurs fois cette opération dans le cours de l’été. L’animal fuit-il à cause de l’odeur du savon ou à cause de l’huile dont il est fabriqué ? il importe peu d’en connoître le motif, mais le grand point est que le fait soit vrai. J’ai préparé, avec une eau savonneuse, des dépouilles d’oiseaux que je destinois à être montées ; des occupations ne me permirent pas de me livrer à cet amusement ; elles furent oubliées pendant près d’un an & demi dans une armoire, sans être attaquées de l’espèce d’insecte qui les dévore. J’en ai fait monter ainsi plusieurs préparées de cette manière, & les peaux d’oiseaux sont aujourd’hui aussi bien conservées que le premier jour.