Cours d’agriculture (Rozier)/PÉDICULE, ou PÉDONCULE

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Hôtel Serpente (Tome septièmep. 543-545).


PÉDICULE, ou PÉDONCULE. C’est ainsi qu’on appelle le prolongement de la tige destinée à soutenir les fleurs. Les pédoncules sont simples ou composés ; ils sont solitaires ou rassemblés : dans certaines espèces, ils viennent dans les aisselles des feuilles, dans d’autres ils sont opposés à la feuille ; dans tous les cas, ils acquièrent un développement proportionné au volume & à la pesanteur du fruit qu’ils doivent soutenir. On observe dans quelques individus un repliement singulier au pédoncule après l’acte de la fécondation ; dans quelques filamens il se replie entre la tige, en formant un angle assez aigu ; il se tord en spirale dans le cyclamen ; celui de la pistache de terre & de quelques trèfles, s’enfouit dans la terre. Enfin le peu d’observations qu’on a sur cette partie, suffit pour, nous faire désirer que quelque observateur cherche à suivre les moyens que la nature emploie pour la conservation des germes : il pourroit en résulter des connoissances utiles, & qui ne resteroient pas sans application. A B.

On ne considère point assez attentivement la conformation du pédoncule ; (pedunculus) il est composé de trois parties, du centre & des deux extrémités. Celle qui tient au bois y est réunie par articulation, & s’en sépare quand le fruit est mûr. La poire, la pomme, &c., outre l’articulation de sa partie intérieure, l’extérieure tient par un empâtement. Dans les cerises, &c cet empâtement est surmonté d’un bourrelet à plusieurs plis de la couleur du bois. Dans le centre ou tronc, les fibres sont longitudinales & serrées, & d’un petit diamètre. L’autre extrémité, celle qui tient au fruit, s’implante par son écorce dans la pellicule du fruit, comme dans la poire, dans la pomme, la pêche, la cerise, &c. & ses fibres longitudinales, après s’être épanouies, correspondent à celles de l’intérieur du fruit ; mais dans cette partie du pédoncule, chaque fibre est articulée avec celle qui lui correspond. Lorsque le fruit est mûr, lorsque le vœu de la nature est rempli pour la formation & la perfection de la semence, il tombe, se détache de son pédoncule dans quelques fruits, & le pédoncule se détache à son tour de la branche, parce que les articulations diverses n’ont plus de liens qui retiennent les parties les unes contre les autres. Dans certains fruits, dans la pêche par exemple, le pédoncule reste souvent attaché à l’arbre, parce que son écorce est plus ligneuse qu’herbacée, & que la sinovie de l’articulation inférieure, en se desséchant, a collé les parties les unes contre les autres, & l’écorce ligneuse s’est séchée sans se détacher. Il seroit aisé de donner beaucoup plus d’étendue à ces faits ; mais il suffit d’avoir mis sur la voie ceux qui voudront observer.

Pourquoi un si grand appareil de la part de la nature, renfermé dans un si petit espace ? pourquoi des combinaisons si multipliées ? Qui ne voit pas que le fruit est le complément de son ouvrage, la partie la plus intéressante de la plante, le moyen le plus sûr de sa reproduction, en un mot, l’objet pour la formation duquel la plante n’a cessé de travailler depuis le premier moment de son existence ? Tout est admirable dans de pareils procédés, & annonce la grandeur de celui qui en a tracé les lois.

Toutes ces articulations font l’office d’autant de greffes qui élaborent les sucs de l’arbre, & ne laissent parvenir aux fruits que les plus purs & les plus, raffinés ; le reste est repoussé dans le torrent de la circulation, & concourt à la formation des parties les plus grossières, ou bien il est rejeté hors de la plante par la transpiration. La différence qu’il y a entre le pédoncule qui soutient les fleurs & les fruits, & le pétiole qui porte les feuilles, est que ce dernier n’a qu’une seule articulation, celle qui l’unit à la branche ; tandis que le reste fait corps avec la feuille, ou plutôt son prolongement devient les matériaux de la charpente de la feuille, & ne peut être détruit sans la feuille. Ici le mécanisme est moins compliqué, parce que la formation de la feuille st un simple accessoire à celle du fruit. La conservation & la multiplication de l’espèce, voilà le but de la nature dans la formation du pédoncule, & le pétiole ne sert qu’à une préparation éloignée à la formation de l’individu.