Cours d’agriculture (Rozier)/PARASITE

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Hôtel Serpente (Tome septièmep. 432-433).


PARASITE (plante). On donne ce nom aux plantes qui vivent aux dépens des autres.

Il y a des plantes parasites accidentellement, & des plantes essentiellement parasites. Dans le premier cas, on appelle parasite ou mauvaise herbe celle qui croît où elle est censée ne devoir pas végéter. Par exemple, le coquelicot, la nielle, l’ivroie, &c. sont des plantes parasites lorsqu’elles se trouvent dans un champ semé en orge, froment, &c. parce qu’elles absorbent, par leur nourriture, une partie des sucs renfermés dans le sein de la terre, & des principes alimentaires répandus dans l’air. (Voyez le mot Amendement.) Par la même raison, le blé lui-même devient parasite, s’il se trouve dans un potager, au milieu d’une planche semée ou plantée en salade, &c. &c. Toute espèce de plante devient parasite de ses voisines, elle vit à leurs dépens, & souvent les détruit dès qu’elle est où elle ne doit pas être ; enfin c’est une mauvaise herbe, relativement à l’objet, & elle ne devient telle qu’indirectement.

Les vraies plantes parasites sont celles qui tirent leur subsistance des sucs propres & déjà formés dans la plante qui leur sert de point d’appui, la cuscute (voyez ce mot) fait une petite exception à cette loi. Si on la suppose isolée, elle végète, fleurit ; donne sa graine, & meurt sans nuire ; mais si près d’elle elle trouve du chanvre, du lin, l’herbe d’une prairie, &c. les tiges de la cuscute s’accrochent sur celle des plantes, s’y incorporent, les privent de leur nourriture, & se l’approprient. La cuscute tient donc le milieu entre les mauvaises herbes & les plantes parasites.

Elle n’est pas la seule parmi les plantes parasites mixtes. L’orobanche, l’hippociste, naissent de graines sous terre, & leurs racines s’attachent à celles des plantes voisines, & deviennent alors destructives.

Les branches, &c. ou le tronc des arbres, ont également des graines qui sont parasites dans toute la force la terme. La graine du guy (consultez ce mot) portée par les oiseaux, & restée attachée, par le gluten du fruit qui l’enveloppe, à la branche ou au tronc, y germe, pousse, végète, & donne, par la suite, des fleurs des fruits, elle produit enfin une espèce de véritable arbrisseau. L’air & les principes qu’il contient, contribuent beaucoup à sa nourriture ; mais la preuve que la parasite absorbe les sucs de l’arbre, est qu’on le voit insensiblement languir, souffrir & périr : le seul remède à ses maux consiste dans la seule soustraction des plantes parasites, & dans de bons labours & des engrais à son pied, afin de lui procurer une sève plus riche & plus abondante.

Les agarics & les lichens, que les jardiniers appellent mousses, sont de vraies plantes parasites attachées & collées contre l’écorce des branches, du tronc, &c. Les arbres fruitiers des jardins naturellement humides ou sujets aux inondations, en sont plus maltraités que ceux des jardins secs. Ce n’est pas par la seule suppression de la transpiration dans la partie sur laquelle la plante parasite est attachée, qu’elle nuit à l’arbre, ce qui est déjà un très-grand mal ; mais elle attire à elle sa propre substance. L’homme, peu accoutumé à observer, dira que ces plantes n’ont pas de racines, & il aura raison : cependant, s’il prend la peine d’examiner, il verra qu’elles sont pourvues de mamelons, de suçoirs, qui s’implantent dans l’écorce jusqu’au vif, & qu’ils agissent sur l’arbre comme la sangsue appliquée sur l’homme ; il verra que la cuscute, que l’orobanche, que l’hipociste, &c. produisent un bourrelet, une exostose, & que ce bourrelet est entièrement mamelonné.

Les lichens, les agarics n’ont pas de mamelons aussi visibles à l’œil nu ; mais au moyen d’une forte loupe, d’un microscope, on les reconnoît sans peine.

Lorsque la cuscute, l’orobanche s’emparent d’un champ, il faut labourer & semer des grains quelconques, les faucher du moment que l’on voit cette plante saisir les voisines, les faucher encore quelque temps après ; à force de la couper, on l’empêche de grainer, & par conséquent de se reproduire l’année suivante. Il en est de même pour les prairies, & il vaut mieux perdre quelque chose sur les coupes de foin de l’année que de se trouver dans la nécessité de rétablir à neuf une prairie.

L’amputation jusqu’au vif, & la plaie recouverte aussitôt avec l’onguent de saint Fiacre, est indispensable pour les arbres chargés de guy.

Les troncs, les branches chargées de lichen ou mousse des jardiniers, sont facilement débarrassés après une bonne pluie, en bouchonnant l’arbre avec de la paille ou avec une brosse à poils rudes. L’époque la plus convenable à cette opération est à la fin de l’automne & après l’hiver. Ces lichens retiennent une masse d’humidité qui donne plus de prise sur l’arbre aux froids rigoureux. En supposant même que les lichens ne fussent pas nuisibles, il conviendroit encore de les détruire, afin d’éviter à l’œil le spectacle d’un arbre qui a l’apparence d’être chargé de gale.