Cours d’agriculture (Rozier)/TESTICULES

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Hôtel Serpente (Tome neuvièmep. 402-404).


TESTICULES. Médecine rurale. Ce sont deux corps glanduleux renfermés dans une bourse, comme des parties très-précieuses. On sait qu’ils constituent essentiellement le caractère du sexe mâle, & qu’ils fournissent cette matière si nécessaire pour la production & la génération des hommes : les testicules ont toujours été en grande vénération chez les anciens, & sur-tout chez les Romains ; il n’étoit pas permis autrefois dans le barreau de Rome, de porter témoignage, si l’on en étoit privé : ils sont appellés testicules par un diminutif du mot testes qui signifie en français, témoins ; & ils sont en effet les témoins de la virilité & de la force. Pour l’ordinaire ils sont au nombre de deux ; quelques-uns n’en ont qu’un ; il s’en est trouvé qui en avoient trois, & même quatre, s’il faut s’en rapporter à plusieurs anatomistes. Mais il est prouvé que ces personnes ne sont pas plus valeureuses que celles qui n’en ont que deux, ou même un seul ; pour l’ordinaire elles sont impuissantes ; la matière séminale étant divisée en trop de parties, se trouve mal élaborée, & perd toute sa force.

Mais la nature toujours bienfaisante, en a voulu donner deux à l’homme, afin que si l’un étoit incommodé, flétri ou blessé, l’autre pût servir à la génération, & elle renferme dans ce dernier toute la vertu qui devoit exister dans tous les deux.

La situation des testicules n’est pas la même dans tous les âges de l’homme. Presque tous les enfans ont les testicules cachés dans le ventre ou dans les aînes, tout près des anneaux des muscles obliques externes & quelquefois dans les anneaux même, ce qu’on a pris quelquefois pour une hernie inguinale. De tous ces enfans il y en a quelques-uns dont les testicules ne descendent que fort tard, & quelquefois jamais, & alors l’on prendroit ces hommes pour des eunuques, s’ils n’avoient d’autres marques pour nous persuader qu’ils sont des hommes parfaits.

Dans l’âge adulte, leur place naturelle est dans une bourse mobile, externe & sous le bas-ventre, communément appelée scrotum. C’est alors qu’ils prennent de l’accroissement, & qu’ils augmentent en grosseur.

Chaque testicule a, comme tout organe destiné à filtrer quelques humeurs, un vaisseau excrétoire, celui-ci est appelle vaisseau déférent, il serpente sur le bout du testicule par où il sort ; il est fortement attaché au testicule par la tunique albuginée, il a pour lors nom d’épididime, & ne prend son nom que lorsqu’il quitte le testicule. Ce vaisseau a dans son commencement une cavité très-petite, qui devient plus ample à mesure qu’elle approche des vésicules séminaires.

Les testicules sont sujets à plusieurs maladies, telles que l’hydrocèle, le pneumatocèle & varicocèle ; nous ne parlerons point ici de toutes ces maladies, nous nous contenterons de dire quelque mot sur l’inflammation des testicules, qui dépend le plus souvent de quelque chûte ou de quelque coup porté sur cet organe, ou d’une logorrhée imprudemment arrêtée. Dans ce dernier cas, cette maladie exige beaucoup de célérité dans l’administration des secours propres à la combattre : le plus approprié est la saignée du bras plus ou moins répétée selon la constitution pléthorique du malade. Mais ce moyen doit être accompagné de l’usage d’une boisson délayante & rafraîchissante, de l’application des cataplasmes anodins & résolutifs qui doivent être remplacés par les mercuriaux longtemps continués, sur-tout s’ils n’ont produit aucun effet salutaire. J’ai vu des engorgemens invétérés sur les testicules, disparaître par le long usage de cataplasmes faits avec les quatre farines résolutives & une forte dissolution de sublimé corrosif. M. Ami.

TESTICULES & Fourreau. Médecine vétérinaire La situation des testicules & du fourreau est assez connue : nous nous arrêterons seulement à considérer leur volume, leur état, & leurs maladies.

1°. Leur volume : plus il est considérable, plus certaines personnes font cas du cheval qu’ils destinent a étalonner, tandis que d’autres ne l’en apprécient jamais davantage.

2°. Leur état : ni l’une ni l’autre de ces parties ne doivent être enflées : les mêmes causes qui produisent l’enflure sous le ventre, peuvent donner lieu à celle des testicules & du fourreau : mais celle qui provient des efforts faits par l’animal, est toujours le plus à redouter.

3°. Leurs maladies : quelquefois le fourreau se trouve si fortement resserré, qu’il ne laisse aucun passage au membre pour sortir. Le cheval urine alors dans cette partie, & le resserrement est une espèce de phimosis. (Voyez ce mot) Quelques fois aussi le fourreau est tellement gonflé, qu’il ne permet plus au membre de rentrer, & cet état est comparable à celui d’un homme atteint d’un paraphimosis. (Voyez ce mot)

L’enflure du scrotum reconnoît pour cause, ou un amas d’eau, ou un amas d’air ; au premier cas, la maladie est nommée hydrocèle, & au second pneumatocèle. (Voyez ces mots) La dureté & le gonflement du testicule, ou l’engorgement & le gonflement de la peau & des autres membranes qui enveloppent le testicule, donnent lieu à une tumeur dure connue sous le nom de sarcocèle. (Voyez ce mot)

Un dépôt d’humeurs, un véritable abcès dans le scrotum, ayant le plus souvent pour cause des coups, des contusions & des meurtrissures, forment ce que nous nommons hernie humorale. (Voyez Hernie)

On doit savoir encore que les testicules se retirent quelquefois, de manière qu’ils se logent entre l’anneau, & sont noués ou invisibles en quelque sorte. Cette violente contraction qui ne peut, ainsi qu’on doit le penser, arriver qu’à des chevaux entiers, survient à ceux qui éprouvent de vives douleurs, & dont la maladie consiste principalement dans un grand feu. Elle est très-commune en Italie & dans les pays chauds ; l’animal se relève & se couche sans cesse, il s’agite comme s’il étoit furieux, & il succombe bientôt, s’il n’est secouru promptement. Du reste, il ne seroit pas étonnant de trouver des chevaux dont les testicules ne seroient pas descendus dans le scrotum, & qui cependant n’en seroient pas moins habiles à la génération. Nous dirons de plus que le cheval, & principalement ceux qui sont entiers, ne sont pas exempts d’une érection continuelle & douloureuse, que l’on appelle en eux, comme dans l’homme, du nom de priapisme. (Voyez ce mot) Une tension, une roideur convulsive, semblable, suivie d’un désir immodéré de la jument, n’est autre chose que ce que nous nommons satyriasis. Dans un certain relâchement des muscles, il y a chûte du membre. M. T.