Cours d’agriculture (Rozier)/VALÉRIANE

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Hôtel Serpente (Tome neuvièmep. 540-541).


VALÉRIANE. (Voyez Planche XVIII, pag. 505.) Tournefort place cette plante dans la troisième section de la seconde classe des herbes d’une seule pièce & en entonnoir, dont le calice devient le fruit ou l’enveloppe du fruit ; il la désigne par ces mots : Valeriana herbensis, phu folio olusatri dioscoridis, d’où Linné la nomme Valeriana phu, & la classe dans la triandrie monogynie.

Fleur. D’une seule pièce en entonnoir, formée par un tube B, long, évasé à son extrémité, laquelle est divisée en cinq parties arrondies. Elle est portée par un calice très-peu apparent, composé de quelques folioles très-minces & velues. Trois étamines & un pistil qui sont représentés dans la corolle ouverte C.

Fruit. Capsule D, dont la tête se développe peu-à-peu & devient une houpe soyeuse, E, dont les soies sont branchues. La graine F, renfermée dans la capsule, est applatie.

Feuilles. Celles des tiges, ailées ; celles qui partent des racines sont sans division, ordinairement entières, quelquefois en forme de lyre.

Racine A. Grosse, ridée, transversale, garnie en dessous de grosses fibres.

Port. Les tiges sont communément hautes de trois pieds, grêles, rondes, lisses, creuses, rameuses. Les ffleurs naissent en manière d’ombelle aux sommités des tiges.

Lieux. Les montagnes, les bois : la plante est vivace, fleurit en juin & juillet.

Propriétés. On recommande la racine dans presque toutes les maladies de foiblesse ou convulsive, dans l’épilepsie sur-tout, & pour provoquer le sommeil & le cours des urines. Il seroit nécessaire de constater de nouveau ces bons effets.

Usages. On donne la racine pulvérisée & tamisée, depuis demi-drachme jusqu’à deux drachmes, incorporée avec un sirop, ou délayée dans cinq onces d’eau. Réduite en petits morceaux depuis une drachme jusqu’à demi-once, en macération au bain-marie dans six onces d’eau.

Valériane Rouge, ou des jardins. Von-Linné & Tournefort la nomment Valeriana rubra. Elle diffère de la précédente par ses fleurs d’un rouge très-agréable & qui sont portées sur de petits pédicules, & par ses feuilles en forme de lance & très-entières, dont la couleur est d’un vert blanc. On en connoît une variété, à feuilles très-étroites. Cette plante est vivace, elle croît spontanément sur des montagnes élevées ; dans nos jardins, elle fleurit pendant presque tout l’été & l’automne.

On la multiplie en séparant de son pied quelques drageons ; les semis de la graine dans terre-meuble ont lieu en mars, ils ne demandent d’autres soins, lorsque les jeunes plantes poussent, que d’être sarclés & arrosés au besoin. Lorsqu’ils sont forts, on les transplante à demeure. Cette valériane demande à être mise dans de larges platte-bandes, parce qu’elle fait masse par la quantité de ses rameaux, qui s’élèvent à la hauteur de deux à trois pieds.

Valériane Grecque. Les jardiniers ont tort de placer cette plante avec les valérianes, elle n’appartient point à ce genre. Tournefort & Von-Linné la nomment polemonium cæruleum. Il y a une variété à fleurs blanches.

La fleur est composée de cinq pétales & de cinq étamines ; le pistil est plus long que les étamines, & les étamines plus longues que la corolle qui est d’une seule pièce & en forme d’entonnoir.

Fruit. Capsule ovale, à trois angles, à trois loges ; les semences sont irrégulières & aiguës.

Feuilles. Sans pétioles, ailées, terminées par un impaire. Les folioles sont entières.

Racine. Fibreuse.

Port. Dans les jardins, les tiges s’élèvent à la hauteur de deux à trois pieds, droites, simples, cannelées, les fleurs naissent au sommet, dispersées en bouquet. Les fleurs sont alternativement placées sur les tiges.

Lieu. Originaire de Grèce. Elle supporte cependant les hivers ordinaires dans nos jardins. Lorsque le froid est trop rigoureux, il la fait périr. La plante est vivace, & fleurit en juin & juillet.

Culture. On la multiplie en partageant les drageons de ses racines, & par les semis dans une terre douce, légère, & composée d’un bon terreau. Si on désire avancer des plantes, on semera sur couche modérément chaude. Lorsque des plantes sont assez fortes, on les transplante à demeure. La plante fleurie produit un joli effet.