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Cours d’agriculture (Rozier)/COURONNE

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Hôtel Serpente (Tome troisièmep. 532-533).


COURONNE, Botanique. Espèce d’appendice, dont quelques graines sont garnies à la partie antérieure : cet appendice n’est autre chose que le calice propre de la fleur, qui subsiste & reste adhérent à la semence ; & comme il forme un espèce de couronne, on lui en a donné le nom. Les graines de la scabieuse, de l’œnanthe, de l’anthémis, &c. portent une couronne.

On connoît encore en botanique, des fleurs couronnées ; mais elles sont plus connues encore sous le nom de fleurs radiées. (Voyez ce mot)

Parmi les différentes manières de greffer, il y en a une que l’on appelle greffe en couronne, & dont on donnera le détail au mot Greffe. M. M.


Couronne, Médecine vétérinaire. La couronne est la portion qui environne la partie supérieure du sabot, & qui est plus compacte que le reste de la peau.

Quant à sa conformation, nous exigeons qu’elle accompagne la rondeur de l’ongle ou du sabot, sans la déborder : la couronne de derrière est plus étroite que celle de devant.

Maladies de la couronne. L’enflure de cette partie, le hérissement des poils, une crasse farineuse, une humeur fétide qui suinte de cette partie, sont des symptômes assurés de la maladie à laquelle nous donnons le nom de peignes. (Voyez Peignes) Il en est une autre qui se manifeste par des petites crevasses autour de la couronne, que nous connoissons sous le nom de mal d’âne. (Voyez Mal d’âne) M. T.


Couronne, Couronner un arbre. Je vais emprunter cet article de la Théorie du jardinage, de M. l’Abbé Roger de Schabol, parce qu’il est singulièrement bien fait & très-instructif. « Couronner un arbre, suivant le dicton universel des jardiniers, c’est tailler toutes les branches fortes ou foibles à la même hauteur, de façon que tout arbre taillé présente, par en haut, une surface égale ; ils taillent par conséquent une branche qui a six pieds de haut & un pouce de grosseur, par supposition, à six pouces seulement, & une qui n’est pas plus grosse qu’un fétu, également à six pouces : voilà donc l’arbre couronné, & le jardinier se mirant dans son ouvrage, est bien content de lui-même. Or, qu’arrive-t-il ? À la pousse, la grosse branche, réduite à six pouces, dont le canal regorge de sève, fait des jets prodigieux ; la petite, au contraire, dont le diamètre est très-circonscrit, & qui, par conséquent, ne peut contenir qu’une quantité de sève très-bornée, fait des jets fluets & mesquins. Que devient donc alors le couronnement fait à la taille ? Un tel arbre, pendant l’hiver, & dans le temps où l’on ne fréquente pas les jardins, paroît couronné & symétrisé, & lors de la pousse, il est hideux & épaulé, & souvent pour toujours. Le principe & la règle, qui ne sont autres que le bon sens, c’est de tailler chaque branche suivant sa force, sauf, lors de la pousse, de la rabattre & la ravaler. Il faut avouer que la pratique du jardinage est bien informe, & que par-tout règne, dans cet art, l’ignorance grossière & la stupidité.

Il est encore un autre couronnement, où la routine n’agit pas moins à rebours du bon sens ; savoir, de tailler aussi dans le même goût, à l’égalité, toutes les pousses du tour des buissons, ; & c’est ce que les jardiniers vulgaires appellent double couronne : suivant notre méthode, on ne taille point les branches du tour ; mais on casse, sauf à rapprocher. » (Voyez ce mot)