Cours d’agriculture (Rozier)/ENGRAIS (supplément)

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ENGRAIS, (Économie rurale.) Rozier définit les amendemens, l’art de donner à la terre un degré de perfection de plus, pour augmenter ses produits.

Les engrais, substance quelconque qui rend à la terre ou augmente les principes nécessaires à la végétation.

Les fumiers, toute substance susceptible de fertiliser la terre, etc., soit en divisant ses molécules, soit en rendant à la terre, la terre végétale ou humus.

Il résulte de ces définitions, que les engrais, les fumiers, sont des amendemens, puisqu’en augmentant les principes nécessaires à la végétation, ils augmentent les produits du sol.

Mais, comment veut-on alors que le fermier, le simple cultivateur saisisse la différence existante entre les mots amendemens, fumiers, engrais, puisque leur définition et leurs effets paroissent les mêmes ?

Cette confusion dans les mots en met nécessairement dans les idées, et c’est le plus grand obstacle au progrès de toute science.

Définissons donc bien les mots, attachons-leur un sens clair, précis ; alors ou ne disputera plus sans s’entendre, on n’entassera plus volume sur volume.

Il me semble qu’amender veut dire : réprimer, corriger. Amendement veut dire : correction, répression d’un vice quelconque. Engrais, au contraire, emporte l’idée de substances grasses, savonneuses.

Engraisser, signifie se charger de graisse.

Ne devroit-on pas conserver, en agriculture, aux mots amendemens, engrais, leur signification naturelle ?

Ainsi, amender la terre, ce seroit corriger ses vices. Le sable amenderoit les terrains argileux ; l’argile, les terrains sablonneux ; la charrue, la bêche, les terres durcies et compactes.

Les engrais donneroient ou restitueroient au sol l’humus, les parties grasses et savonneuses, les influences météoriques, le sel aérien dont parle Bergmann.

Ainsi, les amendemens disposeroient la terre aux engrais.

Les amendemens ne donneroient point à la terre de nouveaux principes de végétation, mais la disposeroient à les recevoir.

Il me semble qu’alors il seroit possible de s’entendre, ce qui n’est pas aussi facile, quand on veut prouver à un laboureur qu’il peut fumer, engraisser son champ, en y semant des pierres ou du sable pur.

Si ces définitions sont admises, on dira que les fumiers sont tantôt des amendemens, tantôt des engrais.

Ainsi, les fumiers longs, les pailles non pourries, seroient des amendemens, en divisant la terre.

En pourrissant dans le sol, ils deviendroient des engrais.

Il me semble que ces définitions de mots jeteroient une grande clarté sur l’économie rurale, et sur la question des amendemens et des engrais. (Chassiron.)