Cours d’agriculture (Rozier)/TEMPÉRANTS

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Hôtel Serpente (Tome neuvièmep. 386-387).


TEMPÉRANTS. Médecine rurale. C’est ainsi qu’on appelle certains remèdes qui ont la vertu de calmer l’effervescence & la fougue des humeurs, & de diminuer l’action excessive des solides.

Ils sont toujours indiqués dans les fièvres ardentes, dans les fièvres aiguës & dans toutes les maladies inflammatoires : ils trouvent encore leur place dans une infinité d’autres cas & circonstances où il convient de modérer insensiblement le mouvement trop violent du sang, & de corriger l’âcreté qui peut exister dans ce fluide ; mais, comme le remarque très-bien le célèbre Lieutaud, il est encore très-utile de les employer, lorsque l’ardeur des viscères dépend moins du cours précipité des fluides, que des matières irritantes : ils peuvent alors briser ou envelopper les particules salines qui produisent ces maladies.

Les bons effets que produisent les tempérants se manifestent quelquefois à la peau : il n’est pas rare de voir que ceux qui en font usage, sont couverts de petits boutons sur toute l’habitude du corps. On sait encore qu’ils ont la propriété de faire sortir, au moyen du lavage, les substances qui produisent la chaleur.

Les trois règnes de la nature nous offrent une infinité de remèdes tempérants. Le règne végétal nous en fournit plus que l’animal & le minéral : dans celui-ci l’on peut y comprendre toutes les plantes chicoracées, la bourrache, la pimprenelle, les racines de chiendent, l’oseille, le fraisier, tous les acides végétaux, tous les fruits rouges, tels que les cerises, la pêche, les fraises, &c.

Toutes ces différentes plantes peuvent être prises sous toutes les formes possibles, en décoction, en infusion, ou combinées avec la chair des jeunes animaux, pour en faire des bouillons.

Le règne minéral nous donne tous les acides minéraux, tels que l’esprit de vitriol, l’esprit de sel dulcifié, & celui du soufre : on ne doit pas omettre le nitre, le sel sédatif d’Homberg, & la poudre de Sthal ; on sait que ces remèdes possèdent à un degré éminent, la vertu tempérante, surtout les acides minéraux donnés, jusqu’à agréable aigreur, dans les fièvres aiguës, ardentes & les plus inflammatoires. Le règne animal nous donne aussi plusieurs espaces de lait, très-propres à diminuer & à calmer la fougue des humeurs, en adoucissant les particules âcres dont elles sont surchargées. Beaucoup de gens ne peuvent point en faire usage. Cela est vrai ; mais il en est bien peu dont l’estomac ne s’accommode du petit lait qu’on peut regarder, avec juste raison, comme le tempérant le plus énergique, & le plus analogue à nos humeurs.

L’eau de veau, celle d’agneau sont encore autant de ressources que nous offre le règne animal, & qui produisent tous les jours les effets les plus sensibles & les plus salutaires dans l’effervescence du sang, & lorsqu’on veut engluer & donner une certaine consistance aux humeurs âcres qui l’excitent. M. Ami.